Intervention de David Salas y Melia

Réunion du 16 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

David Salas y Melia, responsable de l'équipe de recherche « Assemblage du système Terre et étude des rétroactions climatiques » du Groupe de météorologie à grande échelle et climat, GMGEC :

Comme cela a été dit très justement, nous ne pouvons pas répondre à toutes les questions, notamment à celles qui concernent les négociations internationales. En tant que physiciens, il ne nous appartient pas de dire si telle ou telle politique est mauvaise d'un point de vue idéologique, mais seulement si elle a des implications positives ou négatives en termes de flux de carbone. Nous nous efforçons de quantifier l'impact des politiques, c'est-à-dire de déterminer, en prenant en compte tous les paramètres, si elles conduisent à une augmentation ou à une réduction des émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Et pour ce qui est l'exploitation du gaz de schiste, les choses sont claires : elle va à l'encontre des objectifs fixés.

Pour répondre à M. Favennec, l'un des grands témoins du changement climatique en France est tout simplement l'augmentation de la température moyenne annuelle depuis 1900. Météo-France la calcule tous les ans à partir des relevés effectués par ses nombreuses stations météorologiques. Or nous observons des années plus chaudes que précédemment, plus particulièrement depuis le début des années 1990. Ainsi, l'année 2011 a été la plus chaude jamais observée en France. En 2014, au regard des six premiers mois de l'année, nous sommes de nouveau partis sur une température relativement élevée.

D'autres communautés que celle des climatologues se sont penchées sur les impacts sanitaires futurs du changement climatique, notamment dans le cadre des travaux du GIEC. Selon leurs conclusions, le principal danger viendrait des températures très élevées qui prévaudront dans l'avenir, comme nous en avons été témoins lors de la grande canicule de l'été 2003 sur l'Europe de l'Ouest. En revanche, les dangers liés aux vagues de froid semblent moindres. Certes, contrairement à ce qui a pu être dit, les vagues de froid ne disparaîtront pas complètement, notamment aux États-Unis et en Europe, mais elles seront probablement moins longues et moins intenses. Enfin, pour ce qui est des maladies à vecteurs, les conséquences sanitaires du changement climatique semblent plutôt à relativiser.

Quant aux écosystèmes, ils ne peuvent tout simplement pas suivre certains rythmes d'évolution climatique. Dans l'hypothèse d'un scénario « haut » tel que le RCP8.5, beaucoup d'espèces, européennes ou autres, semblent menacées de disparition : elles ne pourront pas migrer suffisamment rapidement pour trouver des contrées plus fraîches. D'où l'objectif fixé de ne pas dépasser une augmentation de deux degrés par rapport à l'ère préindustrielle : une telle évolution limiterait les problèmes pour de nombreuses espèces et permettrait à l'agriculture de s'adapter dans une certaine mesure. Au-delà, les possibilités d'adaptation semblent beaucoup plus aléatoires.

En notre qualité de climatologues, il ne nous appartient pas non plus d'évaluer la coordination des différentes politiques à l'échelle nationale. Le plus important, à mes yeux, est de quantifier l'impact des politiques. Nous devons éviter les mesures d'ordre symbolique. En particulier, il ne faut pas réduire les émissions de gaz à effet de serre d'un côté pour les augmenter de l'autre.

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