Madame Lignières-Cassou, l'hypothèse d'une élévation du niveau de la mer de sept mètres n'est pas absurde, à ceci près qu'elle correspond à la fonte totale de la calotte glaciaire du Groenland au terme d'un processus qui durerait environ mille ans. Dans le cadre du scénario du pire, dit RCP8.5, le niveau de la mer augmenterait en moyenne d'un mètre en 2100 et continuerait sa progression par la suite. Dans le scénario le plus favorable, dit RCP2.6, l'inertie ne permettrait pas que l'élévation du niveau de la mer s'interrompe en 2100, et le mouvement se poursuivrait durant quelques siècles, mais dans des proportions bien moindres. Au final, on serait très loin de parvenir au niveau que vous évoquiez.
Le scénario bas, qui suppose que nous parvenions en 2100 à des émissions globales proches de zéro, voire légèrement négatives, ne pourra se réaliser que si des actions délibérées visant à réduire les flux de carbone sont menées à l'échelle globale, en particulier grâce à la géo-ingénierie. Il s'agira de récupérer le carbone contenu dans l'atmosphère pour le stocker par exemple en enterrant des arbres ou en le conservant sous forme liquéfiée dans les océans ou dans des gisements pétrolifères épuisés… D'autres méthodes relèvent quasiment encore de la science-fiction comme la gestion du rayonnement solaire : il serait possible de renvoyer une fraction de l'énergie solaire vers l'espace, par exemple en peignant les routes et les toits en blanc. En tout état de cause, les climatologues ne peuvent qu'évaluer l'efficacité et l'intérêt des mesures proposées.
Monsieur Jacques Myard, je vous confirme qu'une réduction de quatre degrés de la température entraînerait à terme le retour des glaciers à Lyon, mais cela prendrait quelques dizaines de milliers d'années. Je rappelle que si l'histoire de la terre a vu alterner des périodes froides et d'autres plus chaudes, le climat « normal » depuis un million et demi d'années correspond à une ère glaciaire. Ainsi, le dernier âge glaciaire a duré cent mille ans pour s'interrompre il y a environ dix mille ans, et la période chaude qui le précédait n'avait duré que quinze mille ans. La déglaciation peut se faire assez rapidement alors que l'entrée en glaciation est un peu plus longue.