Intervention de Arnaud Vaissié

Réunion du 16 juillet 2014 à 17h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Arnaud Vaissié, président d'International SOS et de CCI France International :

Absolument.

Une étude américaine, qui est passionnante, tend à prouver que l'emploi net créé aux États-Unis au cours des dix dernières années l'a été exclusivement par les entreprises de moins de cinq ans. L'augmentation de l'emploi n'est plus assurée, comme on le dit souvent, par les PME, ni par les grands groupes, comme on le dit toujours, mais par les entreprises qui se créent et grandissent. Pendant les cinq premières années, leur rythme de croissance est souvent très rapide, c'est là où la création nette d'emplois a lieu.

Certes, nous avons fait des progrès considérables mais, en même temps, les autres pays ont couru encore plus vite. Par exemple, les pépinières d'entreprises de Grande-Bretagne, dans le grand Londres, à Manchester ou à Cambridge, font preuve d'une créativité tout à fait remarquable. En France, en matière de création, la liaison université-entreprises s'est améliorée, mais est encore à des années lumière de ce qui se fait dans beaucoup d'autres pays. Or c'est elle qui permet la création et l'innovation.

En matière de simplification, nous avons encore beaucoup à faire. Mais au-delà, nous devons revoir l'attitude de l'administration. En dix ans, M. Tony Blair est parvenu à faire qu'aujourd'hui, l'administration britannique se soit mise au service des entreprises. Aucun fonctionnaire britannique n'ignore qu'il sera jugé à l'aune de sa capacité à aider celles-ci. L'administration a procédé à la digitalisation de nombreuses fonctions, plus rapidement qu'en France et en y consacrant des investissements bien plus conséquents.

Ainsi l'écart de simplification est-il très fort entre la Grande-Bretagne et la France. Cela explique qu'aujourd'hui l'investissement étranger est au moins deux fois plus important en Grande-Bretagne qu'en France, et que, là encore, l'écart augmente. Le fait que la Grande-Bretagne n'ait pas adopté l'euro aurait pu constituer un risque pour elle en matière d'investissements étrangers. Mais son cadre juridique, administratif et fiscal est tellement favorable qu'elle a réussi à les attirer de façon remarquable et qu'elle continue à le faire.

Le problème n'est pas que nous soyons ou non dans la bonne direction ; je pense que nous y sommes. Il est dans la rapidité à laquelle nous procédons. Tous les pays sans exception sont en train de simplifier. Nous participons à cette course à la simplification, mais je pense que nous pourrions courir encore plus vite.

L'autre point que vous avez abordé est plus délicat : le métier des banques d'affaires est de proposer à leurs clients ou à leurs prospects d'optimiser leurs opérations à travers des fusions, des acquisitions, etc. On l'a vu tout récemment avec l'immense tentative d'OPA – au-delà de 100 milliards de dollars – portant sur une entreprise pharmaceutique britannique. Un Américain voulait racheter une entreprise britannique pour avoir son siège fiscal en Grande-Bretagne, où la fiscalité est plus favorable qu'aux États-Unis. Dans la pratique, les banquiers d'affaires expliquent à leurs clients quelle est la fiscalité des différents pays et leur proposent des solutions. In fine, les entreprises décident. Mais il est certain qu'aujourd'hui toutes les présentations qui nous sont faites expliquent en quoi une implantation dans un pays tiers serait plus favorable qu'en France.

Enfin, je tiens à terminer sur un sujet que nous avons peu évoqué : le réseau des écoles et lycées français à l'étranger, une chance française, que n'ont pas les autres pays. C'est une très belle réussite, obtenue avec consensus de l'ensemble des acteurs. Il faut la préserver, malgré les restrictions financières actuelles.

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