Intervention de Maxime Boisnard

Réunion du 2 juillet 2014 à 17h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Maxime Boisnard, directeur de la société MRS Management :

Nous travaillons tous très majoritairement pour de grands groupes qui ont besoin d'accompagner leur personnel en mobilité. Les entrepreneurs qui cherchent à délocaliser ne viennent pas nous voir pour la simple et bonne raison que nous sommes en bout de chaîne. Les fiscalistes français ou internationaux sont en revanche en mesure de leur fournir des solutions clefs en main.

Toutefois, en tant qu'entrepreneurs, et parce que nous avons des contacts avec beaucoup de nos pairs intéressés par la mobilité internationale, qu'il s'agisse d'étrangers installés en France ou de Français souhaitant s'installer à l'étranger, nous sommes à même de vous faire part des préoccupations de nombreux acteurs individuels qui se trouvent à la tête d'entreprises très petites – TPE –, petites et moyennes – PME – ou de taille intermédiaire – ETI. En s'interrogeant sur le contexte dans lequel ils accompagneront la croissance de leur société sur dix ou vingt ans, ces entrepreneurs, avant même de parler de fiscalité, prennent en considération le temps qu'ils doivent consacrer au traitement des questions administratives. Sachant que le patron d'une structure de moins de dix salariés passe, en France, plus de 20 % de son temps sur ces sujets, et que ce ratio, à Genève, ne dépasse pas 7 ou 8 %, je reste perplexe. Comment l'entrepreneur français trouve-t-il le temps nécessaire à la mise en place de stratégies de croissance ? Comment, dans de telles conditions, peut-il concilier vie professionnelle et vie personnelle et familiale ? N'oublions pas que l'équilibre personnel du capitaine influe sur la vie du navire et de l'équipage, et qu'un sinistre familial émotionnel peut couler une entreprise !

Pour en revenir aux rigidités administratives propres à notre pays, je peux témoigner que, alors que dix jours ouvrés ont été nécessaires pour créer mon entreprise à Genève, il nous a fallu quatre mois et demi pour mettre en place notre filiale à Paris. Je n'évoque même pas le cas de cette salariée embauchée en France et que l'administration française m'a demandé de licencier séance tenante pour des raisons juridiques avant qu'elle ne m'écrive, trois mois plus tard, pour m'informer que la situation était en cours de régularisation – fort heureusement, je n'avais pas renvoyé la personne en question ! Afin que nous puissions développer en France, à la demande de certains de nos clients, des activités réglementées en courtage d'assurance en France, notre avocat a déposé une demande en ce sens auprès du parquet de Paris en janvier dernier ; nous n'avons toujours pas reçu de réponse… Tout cela est décourageant quand on sait que quarante-huit heures sont nécessaires pour créer une structure en Grande-Bretagne, et une dizaine de jours en Suisse, en Espagne ou en Allemagne – je ne parle même pas des cas de Singapour ou de Hong Kong.

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