Intervention de Jérôme Lecat

Réunion du 23 juillet 2014 à 17h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Jérôme Lecat :

Le nom de votre commission d'enquête m'embarrasse, car je ne me considère pas comme un exilé. Les Français qui vont s'installer à l'étranger sont mus par deux grandes séries de motivations : tandis que certains sont « déçus par la France », d'autres ont le souci de développer leur entreprise. J'appartiens à cette seconde catégorie.

Scality continue de créer des emplois en France : parmi nos 90 employés, 30 travaillent aux États-Unis, et 60 à Paris. Il s'agit d'un choix qui est à la fois patriotique et rationnel. En effet, dans le secteur d'activité qui est le nôtre, la France constitue un excellent bassin d'emploi, en raison notamment de l'excellence de ses ingénieurs, tant en termes de qualité que de productivité, mais aussi de leur coût comparativement peu élevé, car, grâce au crédit d'impôt recherche, ils reviennent environ 50 % moins cher que ceux de la Silicon Valley.

Pourquoi Scality a-t-elle fait le choix de la Silicon Valley ? En matière de high-tech, la réussite dépend des partenariats conclus avec les grandes entreprises mondiales du secteur. Or, pour la plupart, celles-ci sont regroupées dans un couloir de 100 kilomètres de long dans la baie de San Francisco. De façon significative, la valorisation des quarante premières entreprises de la Silicon Valley est bien supérieure à celle des membres du CAC 40. La plus ancienne a été créée dans les années 1960 : elle a donc à peu près le même âge que la plus jeune entreprise du CAC 40, Capgemini, créée en 1967. Tout cela témoigne d'une extraordinaire vitalité.

Pour réussir et se développer, toutes les entreprises du secteur doivent donc impérativement d'interagir avec cet écosystème exceptionnel. Scality, qui commercialise des logiciels d'infrastructure, dialogue avec des entreprises comme Hewlett-Packard (HP), leader mondial qui emploie 300 000 personnes. Tant que nous développons un partenariat national avec HP, ce dialogue peut parfaitement se dérouler en France, mais, pour bâtir un partenariat mondial, la discussion doit nécessairement avoir lieu aux États-Unis. Sans une présence dans la Silicon Valley, nous serions cantonnés à des partenariats limités.

C'est pourquoi je recommande à tous les créateurs d'entreprises du secteur de la high-tech de s'installer aux États-Unis pour développer leur entreprise une fois leur produit et leur projet validés sur le marché français. Ces fondateurs doivent y tisser des relations pour obtenir un succès mondial, ce qui ne signifie pas qu'il leur faut cesser de créer de l'emploi en France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion