Messieurs les députés, messieurs les sénateurs, c'est tout à la fois un plaisir et un devoir d'être devant vous quand il est besoin de vous apporter des informations, comme c'est le cas en cet été de toutes les crises. Dans le cadre qui nous est imparti aujourd'hui, sans doute n'aurons-nous pas le loisir de nous appesantir sur les raisons de la simultanéité de toutes ces crises. Mais il conviendra certainement d'y réfléchir, comme je me propose de le faire lors de la conférence des ambassadeurs la semaine prochaine, dans le cadre d'une analyse de la situation internationale plus poussée.
Mon propos introductif portera seulement sur l'Irak et l'Ukraine. Mais nous pourrons également aborder la question de la Syrie, de la Libye, de Gaza ou du Liban, beaucoup de pays où la France est traditionnellement présente et qui sont aujourd'hui le théâtre de développements meurtriers.
Le récent assassinat du journaliste américain James Foley montre à quel point le groupe que l'on appelle « l'État islamique » fait commerce de sa barbarie et de sa cruauté. James Foley était un homme remarquable ; sa mère avait été accueillie au Quai d'Orsay il y a peu. L'assassinat de son fils nous scandalise tous, et nous touche.
Sur l'Irak, je vous livrerai mon analyse sur le plan sécuritaire, puisque la situation militaire détermine tout le reste, mais aussi sur le plan humanitaire et sur le plan politique. Pour chaque niveau d'analyse, je vous indiquerai quelles sont les initiatives prises par la France et par l'Europe.
Sur le plan militaire, chacun est frappé de la rapidité extrême avec laquelle a opéré ce groupe dit de l'État islamique. Cette dénomination introduit à vrai dire une confusion, en mêlant le nom de l'islam à ces agissements. En arabe, ce groupe est parfois désigné par le mot daesh, tandis qu'au Royaume-Uni, c'est l'acronyme ISIS (Islamic State of Irak and the Levant) est employé. Quant à moi, je l'appelle le califat de la barbarie et de la terreur.
Il a effectué une percée foudroyante en se portant de Syrie en Irak, où il a défait l'armée régulière avec seulement quelques centaines de combattants. Cela tient à plusieurs raisons : non seulement il est extrêmement bien organisé, mais il a également pu s'appuyer, pour dire les choses un peu simplement, sur un certain nombre de sunnites modérés qui ne supportaient plus la présidence de M. Maliki, le précédent Premier ministre chiite, dont le comportement était unanimement jugé sectaire.
À ce soutien de sunnites modérés s'est ajouté celui de partisans du régime de Saddam Hussein, tandis que la faible combativité de l'armée irakienne a permis aux terroristes de s'emparer de son armement sophistiqué, récemment fourni par les Américains. Sans parler de prises de guerre considérables : à Mossoul, les terroristes ont trouvé 500 millions de dollars dans la succursale de la banque centrale irakienne implantée sur place. Pour mémoire, les attentats du 11 septembre 2001 à New York n'avaient « coûté » qu'un million de dollars…
Faisant fond sur son expérience à Raqqah, en Syrie, où il entretient une administration, le groupe de l'État islamique ne remplace effectivement pas les fonctionnaires qui lui font allégeance ; de fait, il se comporte comme un véritable État. Cela appelle réflexion, et invite à une approche nouvelle en matière de relations internationales, dans la mesure où les États traditionnels n'ont plus le monopole de la puissance, et d'autres groupes s'arrogent le privilège d'assurer les missions de police, de justice et de défense.
En prenant le contrôle du barrage de Mossoul, le groupe de l'État islamique a acquis une capacité extrême. Il présente deux caractéristiques spécifiques : d'une part, il est animé d'une idéologie particulière, prétendant instaurer un califat qui s'étendrait non seulement sur la Syrie et sur l'Irak, mais aussi sur la Jordanie, la Palestine et le Liban ; d'autre part, il emploie à dessein toutes les armes de la terreur pour ce faire. Allant au-delà de ce qui est nécessaire pour réaliser ses fins, aussi ignobles soient-elles, sa violence est pour lui avant tout un moyen de propagande, comme en témoignent les décapitations et les cas de crucifixion.
J'ai constaté moi-même cette volonté d'intimider et d'inspirer la terreur en me rendant personnellement en Irak. Dans ce jeu pervers, le groupe de l'État islamique cherche non seulement à faire peur, mais également à attirer à lui les apprentis djihadistes européens qui vont au plus offrant, en l'occurrence au plus cruel.
Par son organisation, ses méthodes et ses objectifs, ce groupe a fait montre d'une dangerosité bien supérieure aux autres et a pris en quelques semaines, une ampleur considérable. Il a avancé vers le Nord, où il a pris le contrôle du territoire, mais aussi vers Bagdad ; il conserve en même temps la possibilité de se retrancher en Syrie, où il a été longtemps protégé, ne l'oublions pas, par le régime de M. Bachar El-Assad. Une partie de ses responsables, qui étaient enfermés dans les prisons syriennes, ont été libérés par Bachar El-Assad qui ne mène bataille contre l'EIIL que depuis peu : leur principal adversaire commun reste cependant les groupes d'opposition modérée en Syrie, qui demeurent à nos yeux le noyau d'une solution en Syrie, devenue du coup extraordinairement difficile.
Il fallait réagir, en concertation avec nos partenaires. À peu près au même moment, les États-Unis et la France se sont engagés. Les États-Unis ont envoyé leurs forces spéciales et conduit des bombardements ciblés de certains sites pour soulager les combattants kurdes et pour faciliter une contre-offensive. La France, à qui aucun bombardement n'était demandé, a déployé une action humanitaire et procédé à des livraisons d'armes aux peshmergas.
La carte sécuritaire s'est ainsi modifiée. Des villes au Kurdistan et le barrage de Mossoul ont été repris. Il n'était qu'à moitié plein heureusement, car si les eaux avaient été hautes, l'EIIL aurait été tentée de le faire sauter, ce qui aurait eu des conséquences épouvantables.
Mais même si la pression s'est un peu desserrée au Nord, la menace reste très forte. Les combattants de l'EIIL sont à quarante kilomètres d'Erbil et à cinquante kilomètres de Bagdad. La semaine dernière, la formule de ralliement qui circulait parmi eux était « la prière vendredi prochain à Bagdad ». Dans le même temps, une autre partie de leurs forces s'est repliée sur la Syrie, dont le statut est différent et qui n'est pas bombardée. Ils y ont rapatrié leurs armes et peuvent de là, à tout instant, se porter vers l'Irak, vers d'autres régions de Syrie, mais aussi vers la Jordanie, vers le Liban, voire l'Arabie saoudite ou ailleurs.
Après en avoir référé aux autorités irakiennes, nous avons livré des armes aux Kurdes, à leur demande. Sur ce point, à la suite de la réunion européenne tenue il y a quelques jours, une évolution paraît se dessiner, qui pourrait être très importante : pour la première fois, l'ensemble des États membres de l'Union européenne, y compris les pays neutres, ont accueilli positivement la décision de certains d'entre eux de fournir des armes. Cela est sans précédent. Il semble même que nos amis allemands s'apprêtent au demeurant à faire de même, ne s'interrogeant plus que sur le caractère létal ou non létal du matériel à livrer. La situation est donc bien différente de celle que nous avons connue pour le Mali, où notre démarche avait recueilli la sympathie de l'Allemagne ; mais hormis quelques gestes, notamment une aide en matière de transport, celle-ci avait toujours estimé que sa doctrine ne lui permettait pas d'aller plus loin.
Sur le plan humanitaire, la presse et les reportages ont montré les horreurs quotidiennes qui ne peuvent que secouer notre indifférence. La situation est aussi effrayante pour les communautés chrétiennes que pour la communauté yézidi, mais d'autres minorités sont également victimes d'exactions. Aussi ai-je apprécié que la plus haute autorité religieuse catholique, le pape, ait lui-même souligné que toutes les minorités sont concernées. Il faut en effet se garder de présenter la situation comme une confrontation entre deux grandes religions monothéistes.
Dans les secteurs où il sévit, l'État islamique met tout un chacun face à une menace simple : ou bien vous vous convertissez, ou bien on vous tue, avec application immédiate. Les populations ont dû fuir dans le djebel Sinjar ou jusqu'en Turquie, en passant par la Syrie. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées, des dizaines de milliers ont été tuées.
À Erbil, ville moderne, avec ses gratte-ciel, ses dispensaires, ses écoles, beaucoup de réfugiés s'entassent qui sont partis sans même emporter un baluchon. Quant au comportement de l'EIIL à l'égard des femmes, il est proprement épouvantable : on les crucifie, on les décapite, on leur coupe la poitrine, on les viole. Elles sont considérées moins que des bêtes.
Nous avons mis en place des envois humanitaires et demandé à l'Union européenne d'organiser le « pont aérien européen de la solidarité » que le président Barzani appelait de ses voeux. Il se met en place avec le concours de la commissaire européenne en charge de l'humanitaire et celui de Mme Ashton, qui apportent un soutien non seulement financier, mais logistique. De premières livraisons ont eu lieu, d'autres suivront jeudi.
Quant à l'accueil des réfugiés, il ne s'agit pas d'une question facile. Encore moins que dans d'autres domaines, il ne faudrait pas ici céder au simplisme. Le Gouvernement français a pour objectif de permettre aux populations irakiennes de rester sur place, car ce serait une victoire totale pour le camp terroriste si toutes les populations menacées partaient pour l'étranger. Il faut donc faire le maximum pour qu'elles puissent rester chez elles. Mais une partie d'entre elles ne veut en aucun cas rester et il y a aussi des cas extrêmes, pour lesquels le maintien n'est en tout état de cause pas envisageable.
La France fait l'objet de nombreuses demandes et privilégiera les réfugiés qui ont un certain lien avec elle – il y en a beaucoup. Cela facilitera en effet leur accueil. Une instruction commune au ministère de l'intérieur et des affaires étrangères a été rédigée en ce sens et nous allons accueillir un certain nombre de gens dans les semaines qui viennent.
Les collectivités locales sont également bienvenues pour les accueillir. À cet effet, j'avais créé un organisme, le FACECO (Fonds d'action extérieure des collectivités territoriales) chargé de collecter les fonds des communes ou des départements qui pourraient être désireuses d'apporter leur secours. Je salue également le dévouement et le travail magnifique des associations.
Sur le plan politique, l'Irak est un pays qui se trouve en grande difficulté étatique. Dans la configuration actuelle, il est admis que la communauté chiite, majoritaire, est en droit de voir l'un de ses membres occuper le poste de premier ministre, tandis que la communauté kurde pourvoit à la présidence de la République et la communauté sunnite à la présidence de l'assemblée. Des tiraillements très forts se sont fait jour entre ces communautés, qui ont fait le jeu de l'EIIL.
Le Premier ministre Maliki a d'abord voulu se maintenir à son poste, mais l'ensemble de la communauté internationale a jugé que c'était impossible. Sur ce point, non seulement les États-Unis et l'Union européenne, mais aussi la Russie, les pays arabes et l'Iran, tous pays n'ayant pourtant pas l'habitude de travailler ensemble, étaient d'avis qu'il n'était pas possible de laisser des difficultés politiques aggraver encore la situation du pays. Aussi M. Maliki a-t-il été remplacé par M. Al-Abadi. Celui-ci jouit de toute notre confiance ; encore faut-il qu'il constitue son gouvernement, ce qui ne sera pas aisé, car la méfiance s'est désormais installée depuis longtemps, notamment entre les Kurdes et le gouvernement central. Quel sera l'avenir de la région kurde d'Irak ? Quels seront ses droits ? Un arriéré de plusieurs milliards d'euros reste aussi en attente de paiement et envenime les relations entre le gouvernement central et les Kurdes. Nous souhaitons que le nouveau gouvernement soit rapidement constitué et qu'il soit, comme on dit en anglais, « inclusif », car la situation exige un gouvernement de rassemblement.
Rien évidemment ne saurait se faire dans le dos du gouvernement central, à supposer même que cela soit possible, ce qui n'est pas sûr. Nous devons travailler ensemble tant aux livraisons d'armes qu'à l'organisation de convois humanitaires. Le président de la République a eu ainsi des contacts téléphoniques avec le premier ministre irakien, tandis que j'échangeais avec mes propres interlocuteurs.
Nous devons rester très attentifs aux développements concrets de la situation à Bagdad. On ne peut qu'être frappé par le fait qu'une ville comme Erbil, quoique remplie de réfugiés, a encore les moyens de se tenir, alors que Bagdad est une ville en état de siège, avec des tanks plus ou moins contrôlés à chaque coin de rue. Nous devons donc faire très attention à ce que va faire l'ennemi, et adapter notre action en conséquence.
Sur le plan international et européen enfin, nous avons pris des initiatives dans les différentes enceintes. Il n'est qu'à lire la presse internationale et les déclarations des autres pays – qui généralement ne sont pas toujours très tendres à notre endroit – pour constater que notre initiative a été saluée, et même s'il a fallu un peu « l'appuyer », notamment aux Nations unies, elle aura permis à la communauté internationale de se rassembler. Au sein de l'Union européenne, j'ai dû user d'un langage imagé pour faire comprendre à mes homologues que les délais ordinaires perdaient leur raison d'être devant une situation aussi exceptionnelle. Au cours de la réunion de vendredi, j'ai cependant eu le sentiment que mes collègues ne m'en voulaient pas, mais qu'ils étaient au contraire satisfaits de la tenue de cette réunion.
Sur le fond, des résultats utiles et positifs ont été obtenus. Un pont aérien a été décidé ; les pays prêts à livrer des armes ont été encouragés à le faire ; le nouveau gouvernement irakien a reçu un soutien unanime ; l'action entreprise contre l'EIIL reçoit enfin l'assentiment de toute la communauté internationale, non seulement de l'Union européenne, mais aussi des Nations unies, qui ont adopté une résolution mettant ses dirigeants hors la loi. Notre pays n'a donc pas à rougir de ce qu'il a fait.
Nous restons cependant loin du compte. Dans Le Monde de cet après-midi, le président de la République annonce une initiative de la France, sous la forme sans doute d'une conférence internationale. Il convient en effet de prendre des mesures communes contre l'EIIL, non seulement en coopérant tant dans le domaine du renseignement que dans le domaine militaire, et en lui coupant les ressources, mais aussi en menant une action sociale permettant de le détacher des soutiens qu'il a su se gagner dans la population.
Mais, contrairement à certaines idées reçues, on ne répond pas à l'appel de la France comme sur un simple coup de téléphone : il faudra travailler à ce que cette conférence, pour qu'elle soit efficace, réunisse l'ensemble des pays de la région, pays arabes mais aussi Iran, ainsi que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dont la Chine et la Russie.
La dangerosité et la nature particulière de l'EIIL nous l'imposent. Faut-il rappeler que cette mouvance dissidente d'Al Qaida s'en est éloignée parce qu'elle jugeait cette organisation, selon ses propres termes, trop « molle » ? L'opinion publique française doit prendre conscience de ce danger qui menace non seulement la région, mais aussi l'Europe. Aux yeux des combattants de l'EIIL, il n'y a pas à l'Ouest des bons et des moins bons : nous sommes tous des gens à abattre, car la raison d'être de ce groupe est d'éliminer physiquement tous ceux qui ne se soumettent pas. Quand on se retrouve face à une telle situation, il faut prendre les moyens d'y répondre.
En Ukraine, la situation est évidemment tout autre. Je ferai seulement allusion aux développements les plus récents. Sur le théâtre d'opérations, alors que les séparatistes ont eu un moment le vent en poupe, les forces ukrainiennes ont désormais regagné du terrain. Elles assiègent les villes de Donetsk et Lougansk, au prix de très nombreuses pertes des deux côtés. La situation humanitaire y est dramatique : les vivres manquent, les gens mangent des rats, il n'y a plus ni eau ni électricité. Reste que, petit à petit, les forces ukrainiennes ont repris le dessus. Les forces séparatistes résistent cependant. Vous aurez noté que leurs deux chefs ont récemment changé. Mon collègue russe Lavrov m'assurait dimanche que ce remplacement était évidemment une affaire interne aux séparatistes. Cela tombe sous le sens… J'ai moi-même mon idée sur la question. Il n'en demeure pas moins que les séparatistes, bien qu'en difficulté, mettent à profit leur contiguïté avec la frontière russe pour bénéficier d'une alimentation permanente.
Cela fait l'objet de controverses. Certains assurent avoir observé des livraisons d'armes ou des passages de blindés venant de Russie, tandis que les autorités russes le nient, tout en reconnaissant la présence sur place de ressortissants à elles. En réalité, tout porte à croire que, dans cette partie du territoire, les choses circulent assez aisément.
Quoiqu'elle ait été peu médiatisée, la réunion qui a duré cinq heures dimanche dernier entre mes collègues allemand, russe, ukrainien et moi-même a mis en évidence que la question du cessez-le-feu, indispensable, ne peut être séparée de celle du contrôle des frontières ni de celle des perspectives politiques : tout cela forme un tout. Nous avons donc discuté, sans pouvoir à ce stade nous mettre d'accord, sur les conditions dans lesquelles les convois humanitaires pourraient passer, et sur les conditions d'un cessez-le-feu, d'un contrôle des frontières et d'une évolution politique.
Avec mon collègue et ami Steinmeier, nous avons beaucoup insisté pour dire que, même si l'Ukraine et la Russie sont des pays raisonnés, l'affrontement est tel et les haines ont pris une telle ampleur que personne ne peut être sûr de contrôler la situation : le moindre incident peut dégénérer et aboutir là où personne ne veut aller.
C'est la raison pour laquelle nous nous fixons quatre objectifs. Premièrement, le cessez-le-feu ; mais les conditions du cessez-le-feu ne sont pas séparables de la question du contrôle des frontières. Sur ce deuxième point, des avancées sont observables sur le contrôle de la partie de frontière qui dépend de l'Ukraine, mais pas encore dans la partie qui reste, si je puis dire, dans la zone russe. Troisièmement, il importe que les convois humanitaires puissent passer. Un premier convoi a été préparé, certains parlent de deux, mais il n'est pas certain que l'un n'ait pas servi de couverture à l'autre. En tout état de cause, les besoins humanitaires sont évidents, les Russes ont raison de le souligner. Encore faut-il les soumettre à un contrôle international pour éviter qu'ils ne servent, comme on dit vulgairement, de cheval de Troie.
Quatrièmement, se pose la question de la perspective politique. Les Russes reviennent sans cesse sur l'accord du 21 février et sur la nécessité d'un gouvernement d'union nationale et d'une décentralisation. Le 24 août sera célébrée la fête nationale ukrainienne. La chancelière Merkel se rendra la veille à Kiev. Une rencontre est prévue prochainement à Minsk avec le président Poutine, le président Porochenko, Mme Ashton et les représentants des pays voisins.
La France prône depuis le début une ligne qui semble recueillir un accord assez général : fermeté et dialogue. Fermeté, dans la mesure où nous ne pouvons admettre qu'un pays annexe une partie d'un autre pays en y envoyant son armée ou une partie de son armée ou des gens qui dépendent de son armée ; c'est la raison pour laquelle nous soutenons toute une série de sanctions. Dialogue en même temps, car l'histoire et la géographie sont ce qu'elles sont : non seulement la Russie a traditionnellement toujours eu des relations avec la France mais, qu'on le veuille ou non, elle est voisine de l'Union européenne. Et j'imagine que personne ici n'envisage de faire la guerre à la Russie…. L'objectif doit être de faire en sorte que l'Ukraine ait des relations apaisées avec la Russie comme avec l'Union européenne. Le rôle de la France est de tenir un discours de fermeté tout en cherchant à rapprocher les points de vue, ce qui n'est évidemment pas facile. Notre attitude reflète les deux objectifs fondamentaux de la politique extérieure de la France, à moyen et à long terme : la sécurité et la paix. Voilà les principes qui nous guident tant en Irak qu'en Ukraine. Dans ces deux régions, face à ces deux situations très différentes, j'ai le sentiment que le travail du Gouvernement de la République fait honneur à la France.