Intervention de Guy Amsellem

Réunion du 9 juillet 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Guy Amsellem, président de la Cité de l'architecture et du patrimoine :

Dans un dossier, un journaliste vous fait dire, monsieur le président – mais probablement vous aura-t-il mal compris : « Nous n'allons pas faire d'architecture, nous allons utiliser les bâtiments existants ». Or qu'est-ce que cela, sinon précisément faire de l'architecture ? Aujourd'hui, l'architecture, ce n'est plus construire des bâtiments neufs ; on est obligé de tenir compte de ce qui est là, de travailler sur la continuité et la contiguïté. L'époque des villas Savoye est révolue, tous les architectes le savent !

La réutilisation est un problème passionnant, qui touche à de multiples questions, dont celles du patrimoine – a-t-on le droit de toucher aux édifices patrimoniaux, faut-il muséifier les villes ? –, du logement – doit-on recycler pour habiter, comme à la tour Bois-le-Prêtre ? – des infrastructures – peut-on faire de l'architecture avec elles, sur l'exemple des gares de Strasbourg ou d'Anvers ? –, et de l'urbanisme – avec les entrepôts Macdonald à Paris ou Euromed Center à Marseille. Rendez-vous au début du mois de décembre à la Cité de l'architecture, pour une exposition en trois séquences, avec des exemples issus de l'ensemble des pays d'Europe !

Quant à la mobilité, il faut envisager la question à toutes les échelles, spatiales et temporelles. Il ne s'agit plus de réduire les temps de transport par l'accroissement de la vitesse : on en sait désormais les inconvénients. Toujours plus de vitesse aboutit à de l'étalement ; on vide les villes centres de fonctions auparavant internalisées et, lorsqu'elles sont subies, ces mobilités ne sont bénéfiques ni pour les habitants ni pour les territoires qui les accueillent. Je pense qu'il vaudrait mieux travailler sur les modes de travail et le coworking : comment être plus mobile sans pour autant se déplacer davantage ou plus vite ? Cela passe par d'autres usages de l'Internet – non pour être assigné à résidence, mais au contraire pour multiplier les échanges. Le travail de Jacques Ferrier sur les gares ouvre des perspectives intéressantes de ce point de vue. Quelles applications sont susceptibles de créer du lien social et de l'échange ? Au stade où nous en sommes, il semble préférable d'ouvrir le spectre des réflexions plutôt que de le refermer. Proposer au bureau international des expositions de revoir la façon dont il envisage les choses est un défi passionnant. Est-il intéressant d'organiser une exposition traditionnelle de plus ?

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