Intervention de Alban Schmutz

Réunion du 10 juillet 2014 à 9h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Alban Schmutz :

Clairement oui. Il m'arrive même de conseiller à certains de partir à l'étranger, parce que, compte tenu de ce qu'ils veulent faire, ils ne peuvent pas réussir en France.

Je vais vous en donner un exemple : une société, dont je connais bien les fondateurs, s'est développée en France, au bord du périphérique, du côté de la porte d'Italie. Pendant trois ans, elle a cumulé à peu près 20 000 euros de chiffres d'affaires, malgré une technologie très intéressante. De nombreuses personnes du secteur public, qui s'étaient déclaré très intéressées, leur ont fait perdre énormément de temps. Ils ont fini par partir à San Francisco. Et ils ont eu raison parce que, aujourd'hui, c'est l'une des sociétés les plus en vue dans le monde dans le domaine des nouvelles technologies. On pense que c'est une société américaine, mais c'est simplement une société qui n'a pas réussi à se développer en France. Il faut dire qu'aux États-Unis, en trois ou quatre semaines, ces entrepreneurs ont levé un million de dollars et en six mois, ils en ont levé dix.

Cette société, dont la technologie va sans doute modifier le fonctionnement de l'industrie du cloud computing, se développe aux États-Unis parce que ses fondateurs n'ont pu trouver de fonds en France, dans la mesure où il n'y avait pas de marché sur place : nous sommes trop frileux. Cela signifie qu'il faut mettre tout le monde en mouvement : entreprises privées, PME, ETI et secteur public. Celui-ci joue en effet un rôle de premier plan en raison, notamment, de son poids dans l'économie.

En France, nous disposons d'assez nombreux leviers de financement – par exemple, des fonds d'amorçage – à l'intention des entreprises. On crée beaucoup d'entreprises, mais beaucoup meurent. Mieux vaudrait en créer moins, mais qu'elles soient viables, se développent et soient capables de vendre à l'étranger, etc. Ce n'est pas tant sur la création que l'on manque de fonds, que sur le capital développement. On trouve plus facilement et plus rapidement plusieurs millions ou plusieurs dizaines de millions d'euros de l'autre côté de l'Atlantique qu'en France. Voilà pourquoi, effectivement, certains entrepreneurs partent. D'autres gardent leur R & D en France parce qu'elle y est de grande qualité, mais préfèrent développer ailleurs leur activité commerciale.

Malgré nos atouts, nous ne sommes pas bons en ce domaine. Et ce n'est pas tant une question de montants que de mentalité.

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