L'initiative French Tech, lancée à la fin de 2013, est focalisée sur la dynamique des start-up. Alors que de nombreuses entreprises innovantes sont créées en France, leur capacité à devenir des leaders mondiaux, ou, dans une moindre mesure, à croître rapidement, demeure limitée. Partant de ce constat, la mission a pour principal objet de développer les conditions favorables à l'accélération de la croissance des start-up.
Selon une étude réalisée par la Banque de France en 2012, une minorité d'entreprises à très forte croissance est à l'origine de la plus grande part des créations d'emploi : 58 % des emplois créés le sont par 8 % des entreprises à la plus forte croissance. Sans négliger les entreprises traditionnelles, les politiques publiques doivent identifier les leviers de la croissance rapide de ces start-up et les exploiter.
D'autres études, américaines, montrent que la plupart des emplois sont créés par des entreprises ayant moins de cinq ans d'existence. Ce sont précisément celles que nous visons en cherchant à répondre à cette question : comment faire en sorte qu'un nombre plus important de start-up deviennent de belles petites et moyennes entreprises (PME) ou entreprises de taille intermédiaire (ETI) ?
Parmi les leviers que nous avons identifiés, figure la dynamique d'écosystème, la dynamique collective. Toutes les entreprises à croissance rapide ont en commun de bénéficier de la concentration en un même lieu de facteurs favorables à leur développement : culture entrepreneuriale, culture du leadership, de la croissance, de la prise de risque, concentration de talents, capital disponible, etc. Aucune aventure entrepreneuriale n'est jamais solitaire ; le succès est le résultat de l'interaction avec d'autres entreprises.
La mission s'est fixé un double objectif : en premier lieu, intensifier la dynamique collective en faveur de la croissance des start-up, en mobilisant les entrepreneurs qui en sont le coeur, mais aussi les acteurs contribuant au développement économique ; en second lieu, rendre plus visible et plus attractif l'écosystème des start-up français à l'international. La France, nous le savons, souffre d'un déficit d'attractivité, comparée à l'Angleterre ou à Berlin. Or, il est démontré que la performance d'un écosystème est directement corrélée à son attractivité ; la diversité des entrepreneurs, des talents, des investisseurs impliqués nourrit l'écosystème.
Pour atteindre ces objectifs, la mission s'appuie sur les initiatives locales qui sont nombreuses. Elle a vocation à accentuer les dynamiques existantes là où elles se trouvent et non à en inventer de nouvelles. Autre élément important, les entrepreneurs sont au coeur de la mission ; c'est à eux qu'il revient de porter la dynamique.
Nous avons commencé par créer la marque « French Tech ». Alors qu'elle n'existait pas il y a neuf mois, elle était citée hier dans un article du Monde et les entrepreneurs français la reprennent. Pour simple qu'elle soit, l'idée de cette marque a deux vertus. D'une part, French Tech incarne la dynamique collective française. Alors que les entrepreneurs sont assez fragmentés, elle fédère les acteurs publics et privés, les start-up, mais aussi les collectivités territoriales, les universités, etc. D'autre part, la marque est un gage de visibilité à l'international. Elle sera très utile dans les grands salons. Notre souhait est qu'elle devienne le symbole du dynamisme de la France dans ce domaine, à l'instar de New York qui, en quatre ou cinq ans, a réussi à associer son nom au bouillonnement grâce à un important travail de marketing et de communication.
La Mission French Tech mène des actions dans trois directions. Premièrement, elle incite au rapprochement des acteurs et à la collaboration en faveur des start-up. Nous travaillons à renforcer la dynamique partout où nous décelons un potentiel. Nous proposons un label « métropole French Tech » à tout projet collectif sur un territoire dont l'objet est de travailler sur les leviers de développement de son écosystème. Notre rôle est d'accompagner les différents acteurs, de réfléchir avec eux. Il ne s'agit pas de leur dire quoi faire, mais d'imaginer avec eux des solutions, éventuellement inspirées des bonnes pratiques que nous avons pu recenser. Une fois que nous avons répertorié les projets d'écosystème dans les territoires, notre travail consiste à les mettre en réseau afin de créer une sorte d'équipe de France qui incarne le dynamisme de la French Tech.
Deuxièmement, nous cherchons à faire émerger des dispositifs, qui ont fleuri aux États-Unis et en Angleterre : les accélérateurs de start-up. Au lieu d'être focalisés sur l'hébergement et l'aide à la création des entreprises comme les incubateurs dont ils s'inspirent, ils sont destinés à aider les start-up à croître plus vite. Il s'agit d'apporter aux entreprises des ressources, de l'argent, mais aussi du « mentorat » – des entrepreneurs expérimentés venant partager leur expérience. Ces accélérateurs ont vocation à être portés par des acteurs privés, car les entrepreneurs sont mieux placés pour aider au développement d'autres entreprises. Dans le cadre des programmes d'investissement d'avenir, nous sommes en train de mettre en place au sein de Bpifrance un fonds d'investissement pour cofinancer ces accélérateurs aux côtés des investisseurs privés.
Troisièmement, nous disposons d'une enveloppe financière spécifique pour renforcer l'attractivité et la visibilité des start-up et de l'écosystème français. Nos cibles sont, bien sûr, les entrepreneurs, mais aussi les investisseurs en capital-risque et les médias. Dans la presse économique, la France ne jouit pas toujours d'une image positive. L'une de nos priorités est de tordre le cou à un certain nombre d'idées reçues, qui sont particulièrement répandues dans le monde anglo-saxon. Il existe un très fort écart entre la perception de l'environnement pour entreprendre en France et la réalité. Depuis cinq ans, les choses ont évolué. Nous discutons avec les leaders d'opinion internationaux pour leur montrer quelles sont les réalités : la France a certes des défauts, mais elle a aussi plein d'atouts. Ces opérations destinées à améliorer l'image de la France à l'étranger s'appuient sur les entrepreneurs. Ce sont d'abord eux les porte-parole de la French Tech. C'est leur voix qui porte. La sphère publique a également certains messages à délivrer que les entrepreneurs doivent accompagner. Ces derniers seront associés à nos efforts en la matière et impliqués dans les opérations.
La mission, lancée par Mme Fleur Pellerin lorsqu'elle était ministre déléguée à l'économie numérique, repose sur une petite équipe au sein du ministère de l'Economie qui s'appuie sur l'ensemble des services publics contribuant au développement économique afin d'instaurer de la transversalité dans le soutien aux start-up ; l'initiative est portée autant par notre équipe que par Bpifrance, Ubifrance, l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), les différentes directions de Bercy et le ministère des Affaires étrangères. En favorisant la coordination des outils existants, la mission mise sur l'effet de levier.