Intervention de Philippe Wahl

Réunion du 23 juillet 2014 à 16h00
Mission d'information sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi

Philippe Wahl, président-directeur général du groupe la Poste :

Il a tant été question, récemment, de La Poste qu'il nous a semblé souhaitable d'expliquer les raisons pour lesquelles nous sommes et nous resterons, si le Parlement décide de maintenir le dispositif en l'état, le premier bénéficiaire du CICE en France.

Pour contester le fait que La Poste, société anonyme qui réalise 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires, bénéficie du CICE, on a objecté qu'elle jouissait d'un monopole et qu'elle n'était pas en concurrence, ce qui n'est pas vrai.

Le dernier monopole postal qui existait, celui de la distribution du courrier six jours sur sept sur la totalité du territoire, a été supprimé le 1er janvier 2011. Juridiquement, la poste n'est plus un monopole. J'en veux pour preuve que, pour l'acheminement des colis, domaine dans lequel nous sommes le premier acteur en France et le deuxième en Europe, notre premier client est Amazon, entreprise qui sait notoirement négocier les prix et les marges de ses fournisseurs.

Par ailleurs, nous n'échappons pas à la concurrence. En effet, si nous sommes le seul opérateur de courrier, c'est parce qu'aucun autre acteur économique n'est venu sur ce marché très peu rentable : établir un service concurrent à celui de La Poste dans les conditions économiques du service public est impossible, car économiquement désastreux. Nous ne sommes donc pas protégés et, si le chiffre d'affaires du courrier diminue de 6 % par an, ce n'est pas le fait d'un concurrent, mais d'autres éléments – je pense notamment à la concurrence massive du SMS, de l'e-mail et du téléphone.

Enfin, depuis 2013, comme le savent les parlementaires, le service universel du courrier ne finance plus la partie « accessibilité au service » du service postal universel et est désormais en perte. Nous ne sommes pas une entreprise protégée par un monopole ou par l'absence de concurrence et pouvons donc bénéficier du CICE.

Employant 267 000 personnes, dont 244 000 France, nous sommes le premier employeur de ce pays et 82 % de notre personnel, soit 200 000 personnes, est concerné par les seuils du CICE. La Poste est donc massivement une entreprise de main-d'oeuvre, avec des salariés modestes, ce qui la place au premier rang des bénéficiaires du CICE.

Par ailleurs, nous sommes confrontés à un problème de compétitivité, c'est-à-dire de survie économique de notre entreprise, du fait d'un modèle économique qui est en train de disparaître, en France comme dans les autres pays. Le CICE, dont les parlementaires ont voulu qu'il permette à des entreprises, petites ou grandes, de se transformer pour continuer à servir notre pays en termes de chiffre d'affaires et d'emplois, est une bonne mesure, très utile au premier employeur de France et qui participe de toute évidence à la transformation d'un modèle économique qui n'est plus viable.

De fait, en 2013, le CICE nous a procuré plus de 300 millions d'euros et compte pour la moitié du résultat net de notre groupe – légèrement supérieur à 600 millions d'euros –, soit autant que notre résultat d'exploitation industrielle et bancaire.

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