Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du 11 septembre 2014 à 9h30
Agriculture alimentation et forêt — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Loi-solution pour les GAEC, pour l’ANSES – l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et pour de nombreuses autres choses, cette loi est aussi une loi de révolution – avec, bien sûr, le GIEE, laboratoire du futur, mais aussi avec le projet alimentaire territorial porté par notre collègue écologiste, le fonds carbone et la logique de compensation que nous avons défendue, sur tous les bancs de cet hémicycle, autour des grands projets d’infrastructure.

Surtout, avec cette boîte à outils et cette boussole, le texte apporte une cohérence : la régulation du foncier est au service de l’installation des agriculteurs et le renouvellement des générations est la condition de l’agroécologie – en d’autres termes, pas d’agroécologie sans l’installation de paysans nombreux, et pas d’installation de paysans nombreux sans régulation du foncier. C’est ce que nous avons rappelé à force de combats et de débats parfois vifs, mais que nous sommes fiers de voir aujourd’hui aboutir.

Permettez-moi maintenant d’en tirer quelques leçons politiques. Cette loi nous a donné un bel exemple de non-contradiction entre ce que Max Weber désignait comme l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Il y a en politique dans notre pays un chemin entre l’angélisme et le cynisme. Il peut s’incarner dans des politiques fortes, qui tiennent compte de la réalité du monde sans pour autant renoncer à la justice ni à l’enclenchement d’un autre modèle de développement. C’est ce que nous avons fait dans cette loi.

Il y a place dans l’espace politique français pour un dialogue de respect exigeant avec la profession agricole. Je me réjouis que notre politique et les choix que nous avons portés puissent être salués lors d’un congrès par la jeune génération d’agriculteurs – même si le dialogue a également pu être vif avec certains syndicats. M. Germinal Peiro et moi-même avons également mené des tables rondes intersyndicales qui ont montré que des consensus tirés par le haut étaient possibles. Les apparentes contradictions peuvent en effet être dépassées lorsque nous recherchons la vérité et l’intérêt général. Une autre clé de la politique consiste encore à chercher à dépasser nos contradictions en en sortant par le haut.

Enfin, la France rassemblée sur un véritable projet politique a fait entendre sa voix en Europe par une négociation de la politique agricole commune et en mettant en application notamment les mesures relatives aux GAEC et le plan protéagineux, ainsi que diverses mesures agroenvironnementales qui accompagneront la transition écologique sur le terrain. La France est forte quand elle est unie et qu’elle fait entendre une autre voix en Europe.

Voilà pour les leçons politiques, mais le combat continue, car des rendez-vous nous attendent, notamment à propos du foncier. De fait, il existe aujourd’hui une boîte noire du phénomène sociétaire. Des rendez-vous importants nous attendent également à propos de l’agroécologie. Responsable d’une mission sur les phytosanitaires, je sais en effet qu’elle sera l’indicateur de la réussite de l’agroécologie et que nous aurons à porter dans la loi de finances des réformes de l’ANSES afin de déplafonner sa capacité d’action.

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