Intervention de Olivier Berthe

Réunion du 4 septembre 2014 à 9h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

Olivier Berthe, président des Restos du coeur :

Je reprends à mon compte tout ce qui a été dit par Mme Steinberg concernant les collaborations locales. J'ajoute que l'on commence à voir certaines collectivités exiger que nous leur fournissions la liste des personnes que nous accueillons, et d'autres menacer de nous retirer des subventions si nous n'entrons pas dans le cadre qu'elles ont choisi. Cela va très loin ! Il faut veiller à ce que les élus locaux n'outrepassent pas leurs pouvoirs. La liste des personnes que nous accueillons n'a pas à leur être communiquée, même si elle peut faire l'objet d'échanges avec les travailleurs sociaux assermentés.

Madame Le Callennec, j'ai juré de dire la vérité : c'est Bercy qui bloque les dons agricoles. Et il ne s'agit pas des ministres. J'ai rencontré deux ministres des finances sur le sujet, M. Moscovici, puis M. Sapin : ils sont enthousiastes sur le sujet. Le ministre de l'agriculture, M. Le Foll, est sur la même longueur d'onde, et M. Ayrault, à l'époque Premier ministre, s'était prononcé il y a un an en faveur de cette idée. Le blocage ne vient donc pas du pouvoir politique mais d'une administration centrale qui considère que l'opération serait coûteuse. Certes, l'incitation fiscale que nous demandons – il en existe une pour les dons d'argent – pourrait coûter quelques millions, mais l'effet de levier serait considérable. Vous connaissez désormais l'un des freins qu'il faut desserrer pour que ce dossier avance plus rapidement.

Je vous soumets une idée concernant le bénévolat. Cet été, les médias ont largement évoqué la possibilité pour un salarié de donner du temps à un collègue – temps de congés et de RTT. Cela concernait l'aide aux personnes handicapées ou aux enfants malades, mais un tel outil pourrait aussi permettre d'éviter que le bénévolat n'attire que les retraités. Si nous ne facilitons pas l'accès des actifs au bénévolat, nous portons atteinte à la diversité du monde associatif, c'est-à-dire à sa capacité d'écoute et d'ouverture.

Parce que les fruits et les légumes produits dans la cinquantaine de jardins des Restos du coeur ne sont pas vendus mais donnés aux centres de distribution, des financeurs nous ont refusé leur aide au motif que, sans recettes, nous n'entrions pas dans leurs modèles. Pour trouver des financements faut-il que nous vendions ce qui est produit dans nos propres jardins, et que nous achetions à d'autres ce dont nous avons besoin dans nos centres de distributions ? Il est absurde de vouloir faire entrer tout le monde dans le même moule.

Il est vrai que l'appel à la générosité publique génère des frais. La Cour des comptes est particulièrement vigilante et exigeante en la matière. Concernant les Restos du coeur, ces frais s'élèvent à 4 % des dons pour l'appel, la gestion, l'enregistrement du chèque et l'envoi du reçu fiscal. Ce chiffre très modéré montre l'efficacité du modèle associatif et doit susciter la confiance.

Monsieur le président, nous sommes tous allés à l'essentiel et, si vous le voulez bien, comme vous nous l'avez suggéré, nos sept associations compléteront leurs réponses par écrit.

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