Aujourd'hui, les artistes sont de plus en plus sollicités comme intervenants, non seulement parce qu'ils ne peuvent plus avoir le même rythme de diffusion dans la journée, mais parce qu'ils ne peuvent plus non plus dépasser la cinquantaine d'heures dans le système actuel de l'intermittence. Leur situation est donc très paradoxale, ballottés qu'ils sont entre le régime général et celui de l'intermittence.
Pour construire la digue, le « plan ORSEC » pour les trois années à venir doit prévoir un coup de pouce ciblé, assorti d'objectifs précis, aux grandes têtes de réseau pour leur laisser le temps de proposer un plan de restructuration. Comme je l'ai dit à mes équipes, nous sommes dans une course contre la montre et nous avons trois ans devant nous. Les contractualisations pluriannuelles sont d'une grande complexité, mais nous pouvons nous engager dans cette démarche, car nous sommes capables de gérer la mutation et de présenter des engagements. Nous sommes de vraies associations, pas des pompes à subventions.
Le modèle de l'EPCC présente un réel intérêt mais est techniquement très complexe – il m'est arrivé d'assister à une longue délibération à vingt-cinq personnes pour annuler une créance douteuse de 25 centimes…
J'observe que nous avons un modèle de développement culturel, particulièrement dans le spectacle vivant, qui est institutionnel. Les structures que nous avons développées – centres culturels, réseaux labellisés « national » – ne sont pas si mal dotées aujourd'hui. Toute la question est de les faire travailler en réseau et de les amener à jouer un rôle de développement, et non plus simplement d'exécution d'un cahier des charges strict. Cela passe par la recherche de nouveaux publics, le travail de terrain, l'accompagnement. C'est là que les associations peuvent se révéler un poil à gratter très intéressant.
À propos des emplois aidés, une proportion très importante de contrats emploi consolidé pour les jeunes a été conclue dans le secteur de la culture. Mais on voit bien que pour changer de modèle économique et avoir un autre type de ressources, il faut nous appuyer sur des jeunes professionnels qualifiés. Si le service civique est très intéressant par son niveau de qualification, nous avons besoin d'une durée plus longue pour basculer vers la pérennisation, qui est notre objectif.
Enfin, que faire pour promouvoir le rôle de la culture ? De nombreuses analyses économiques font déjà état des chiffres d'affaires générés par le secteur. D'autres analyses plus fines en termes de retour social, en particulier dans le domaine éducatif, sont très intéressantes et mériteraient d'être mieux connues.