Plusieurs facteurs ont pu jouer : une politique particulièrement accueillante sur le plan législatif – c'est le cas notamment de l'Australie ou du Canada –, la situation de l'emploi – c'est non seulement le cas de l'Australie ou du Canada, mais aussi des Émirats Arabes Unis –, ou la langue – c'est encore le cas du Canada. Le programme vacances travail incite également les jeunes à partir. En revanche, l'absence d'attraction économique ou le manque de sécurité jouent un rôle négatif, soit en dissuadant les Français d'aller s'installer dans tel ou tel pays, soit en conduisant ceux qui étaient sur place à repartir : je pense, pour des périodes précises, à certains pays d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne ou du Moyen-Orient.
La connaissance sociologique de la communauté française fait évidemment partie des préoccupations de tous nos chefs de postes, qui disposent d'éléments en la matière. En revanche, l'outil statistique permettant une analyse plus fine n'existe pas aujourd'hui.
Les raisons de l'expatriation sont très variées. Certains – notamment les jeunes – souhaitent diversifier leur expérience professionnelle ; d'autres cherchent à l'étranger un emploi dans des domaines qui, en France, connaissent des difficultés ; d'autres des opportunités dans des secteurs porteurs comme les services, l'hôtellerie, la restauration, le commerce – c'est le cas en Amérique du Nord, en Australie, dans les Émirats… On mentionnera également les professions spécialisées, notamment dans le bâtiment et les travaux publics. Qu'il s'agisse de se perfectionner ou de trouver un emploi, le motif professionnel existe donc bien.
Dans certains pays européens, l'aspect fiscal joue un rôle incontestable dans l'expatriation. Je mentionnerai à cet égard un phénomène nouveau, moins développé en France que dans d'autres pays : l'installation des retraités là où le coût de la vie sera moins élevé et où les prestations sociales seront plus favorables. Ainsi, certains pensionnés français s'établissent-ils au Maroc ; mais cette expatriation reste très limitée par rapport, par exemple, à celle des retraités allemands vers la Floride.
Enfin, il existe des motifs strictement personnels, pour ceux, par exemple, qui vont s'installer dans le pays de leur conjoint.
Certains resteront à l'étranger parce que leur nouvelle expérience professionnelle se sera révélée positive, parce qu'ils auront rencontré leur conjoint sur place, quand d'autres souhaiteront rentrer en France au bout d'un, deux ou trois ans.
Pour ce qui concerne les attentes des expatriés vis-à-vis de la France, on doit distinguer plusieurs cercles.
Un premier rassemble ceux qui veulent conserver un lien très fort avec la France. Ils considèrent être, en quelque sorte, des ambassadeurs de leur pays – plus exactement des ambassadeurs du savoir-faire français. Ils ont ce sentiment de diaspora, ce sentiment que ce qu'ils font contribue à l'image de la France, et cela se traduit par une relation très étroite avec le consulat et l'ambassade, mais aussi avec les associations, la chambre de commerce.
Ceux qui appartiennent au deuxième cercle, plus distendu, conservent un lien civique avec la France – ils participent aux élections, se sentent donc encore citoyens français à l'étranger.
Enfin il existe un cercle plus large – et de plus en plus large dans plusieurs pays. Aux États-Unis, au Canada, pays d'immigration où tout le monde ou presque a une origine étrangère, la majorité des expatriés ont progressivement perdu ce lien avec la France, ils se considèrent avant tout comme des Américains d'origine française et vont jusqu'à perdre la pratique du français. Dès lors, ils n'attendent plus grand-chose, sur le plan civique, de la France et ne votent plus – le taux de participation aux élections reste ainsi très modeste dans ces pays.
Dernier point, concernant les retours, il résulte du solde entre les 257 000 nouvelles inscriptions et les 225 000 radiations.