Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 27 août 2014 à 12h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Je répondrai aujourd'hui en priorité aux questions relatives à l'Irak.

Une solution politique est-elle envisageable sans l'Iran ? Ce n'est pas à moi de répondre à cette question ! Le Président de la République a décidé de convoquer avant le sommet de l'OTAN et l'Assemblée générale des Nations unies un conseil de défense et de sécurité nationale spécialement consacré aux scénarios envisageables pour la zone.

L'Iran avait intérêt à ce qu'al-Maliki s'en aille, et il a joué la partition qu'il fallait pour aboutir à la solution politique que nous connaissons.

En Libye, la situation reste très compliquée, avec deux gouvernements et deux parlements ; en particulier, elle n'a pas empêché la prise de l'aéroport de Tripoli par les islamistes. Une réunion sur la Libye se tiendra dans quelques jours aux Nations unies et je rencontrerai à la fin de la semaine mes homologues de l'Europe du sud pour examiner comment faire face à la situation actuelle.

À notre connaissance, l'EI n'a été financé par quiconque. Je rappelle que le point de départ, c'est Jabhat al-Nosra en Syrie, al-Qaïda et al-Zaouahiri ; puis est survenue une scission d'al-Qaïda en Irak, à l'initiative d'al-Baghdadi, dont les troupes sont passées en Syrie, où elles se sont épanouies – et ce, malgré des conflits armés avec Jabhat al-Nosra dans le nord du pays et grâce à la complicité de Bachar al-Assad, qui n'a jamais attaqué les zones occupées par l'EI et a même libéré des prisonniers pour qu'ils rejoignent celui-ci. Progressivement, l'EI a obtenu en Syrie de nouveaux soutiens et sa pénétration en Irak a été facilitée par la politique sectaire menée par al-Maliki, qui a abouti au ralliement des anciens baasistes et des tribus sunnites ; en outre, à la différence d'al-Qaïda, l'EI propose un modèle de société, ce qui contribue à attirer les jeunes, notamment grâce à l'utilisation de moyens de communication extrêmement performants.

Sur la Syrie, notre position n'a pas changé : nous continuons à soutenir l'Armée syrienne libre. Il n'y a pas d'autre issue aujourd'hui – d'autant que l'EI risque de reporter son effort sur la Syrie et de menacer les positions tenues par les forces de Bachar al-Assad.

À la suite de l'accord de Riyad, des propositions américaines vont être faites, que nous ne connaissons pas à ce jour, mais que nous aurons à examiner. J'en profite pour préciser que nous n'avons pas été sollicités pour procéder aux frappes aériennes : les Américains ont mené leurs opérations seuls. Notre action a consisté à livrer des armes aux forces kurdes pour leur permettre de bloquer la progression de l'EI.

Il faut impérativement trouver une solution politique, et nous ne sommes qu'au début du processus. Ce qui est grave, c'est que l'EI ignore les frontières et a pour ambition l'Oumma la plus large possible : il risque de vouloir poursuivre son extension dans d'autres directions, d'autant qu'il bénéficie de moyens financiers importants – il a pris possession des banques de Mossoul et il dispose de pétrole – et qu'il a récupéré des armes américaines qui avaient été confiées à l'armée irakienne. Sans doute faudra-t-il un jour reconnaître qu'une erreur a été commise avec la dislocation de l'armée irakienne, qui est devenue à dominante chiite et relativement mal organisée.

S'agissant de l'Ukraine, nous n'avons pas de confirmation officielle de la cause du crash du MH17.

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