Intervention de Jean-Paul Huchon

Réunion du 10 septembre 2014 à 18h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France :

Avant d'aborder la question des transports, parce que je suppose que c'est le sujet que vous voulez creuser avec nous, je dirai quelques mots des raisons qui motivent le soutien de la région Île-de-France au principe de la candidature de la France à l'organisation d'une exposition universelle en 2025.

Le Conseil régional a adopté un voeu de soutien et de mobilisation, présenté par un des groupes de l'opposition, mais voté par l'ensemble de ses élus. Je suis convaincu comme vous que notre région a besoin d'un grand projet qui conforte son attractivité dans la compétition mondiale, d'un catalyseur du développement touristique, et plus particulièrement de sa région capitale – en allant bien sûr au-delà de Paris.

La région Île-de-France, qui représente 31 % du produit intérieur brut national, qui est porteuse de dynamisme et d'innovation et résiste un peu mieux à la crise que d'autres parties du pays, ne pouvait qu'adhérer à cette initiative. Mais l'intérêt de cette candidature dépasse les seules retombées économiques ou les questions d'attractivité territoriale : ce qui est en jeu, c'est notre capacité à rassembler les Franciliens et les Français autour d'un évènement fédérateur, mobilisateur, créateur d'identité. Cette candidature sera populaire, elle sera soutenue par l'ensemble de la population, ou elle ne sera pas. L'implication des Franciliens – et donc leur mobilisation à chaque étape – me semble la condition sine qua non de l'acceptation de cette candidature.

Je dirai maintenant quelques mots sur le projet. J'ai été séduit par l'originalité du concept développé par les promoteurs, à commencer par son périmètre et son format.

Je salue votre souci de proposer une exposition ouverte, diffuse sur le territoire, qui valorise le patrimoine, tout en donnant à voir ce qu'est le nouveau visage vivant de l'Île-de-France, celui du XXIe siècle. Il ne s'agit pas d'un projet d'exposition nostalgique, « recroquevillée » sur la Ville Lumière.

Je ne puis qu'adhérer à une exposition universelle qui prenne toute la mesure et tire le meilleur parti des nouvelles dynamiques métropolitaines : le polycentrisme francilien de Paris à Saclay et de Montreuil à Évry, mais aussi Roissy et l'établissement de la Plaine de France. Bref, c'est un projet qui valorise le Grand Paris au sens large du terme, qui inclut la Grande Couronne, peut-être aussi l'axe Seine sur lequel nous travaillons très activement, mais aussi les métropoles régionales, et qui s'appuie sur la dimension de l'innovation numérique qui sera, je crois, un des éléments forts de la candidature.

Au-delà, j'ai noté votre volonté d'implanter cette exposition, pour l'essentiel, dans des infrastructures, espaces publics et monuments existants. Cela me semble sage, car l'heure n'est probablement plus aux projets pharaoniques, à l'alignement de pavillons nationaux ou à la création d'infrastructures dans des lieux à la reconversion toujours problématique. Dans ce type d'évènements, que ce soit celui-là ou les jeux Olympiques, il est difficile de savoir ce que l'on fera ensuite des équipements construits pour l'occasion. À ce propos, je me suis rendu compte, au cours d'une mission à Londres, que les Anglais avaient commencé à tirer parti de la reconversion du site des derniers jeux Olympiques.

C'est une évidence : en ces temps difficiles, l'adhésion populaire sera conditionnée par l'utilisation parcimonieuse des deniers publics. Mais cette candidature est une opportunité à saisir, si l'adhésion populaire est au rendez-vous.

Il me semble que les premières pistes que vous tracez témoignent de la volonté des promoteurs de remplir ces conditions. Je m'interroge toutefois sur la thématique principale de cette exposition. Les efforts de transition écologique ? Le numérique et l'ensemble de ses applications ? Le vieillissement, le handicap et les services à la personne, sujet auquel on ne penserait pas spontanément ? Le développement universitaire et la recherche ? L'Île-de-France compte en effet 45 % des chercheurs et plus de 600 000 étudiants.

Passons aux questions de transport. Mme Sophie Mougard m'aidera à répondre et à préciser notre pensée. La feuille de route sur les transports est connue : c'est celle du nouveau Grand Paris, qui a été actée le 6 mars 2013 avec le Premier ministre d'alors, M. Jean-Marc Ayrault. Ensuite, le 19 juillet 2013, le même Premier ministre est venu compléter les promesses de financement et d'investissement directement avec la Région et ses partenaires, que ce soit la Société du Grand Paris (SGP), les départements ou d'autres intervenants.

Le 9 juillet 2014, le Premier ministre, M. Manuel Valls, a affirmé que les engagements pris par le Gouvernement dans le cadre de la feuille de route du nouveau Grand Paris seraient tenus. C'est un point sur lequel je suis a priori rassuré. Ainsi, la mise en oeuvre du Plan de mobilisation pour les transports – qui vise à l'amélioration et à la rénovation du réseau actuel – sera effective : extension à l'ouest du RER E, et prolongement à l'est de la ligne 11 du métro – deux sujets majeurs ; amélioration des RER, notamment le C et le D. On a déjà bien travaillé sur le RER B Nord, et on travaille maintenant sur le RER B Sud. Enfin, sur le RER A, la question du matériel roulant a été réglée de manière heureuse et commence à avoir des effets positifs. Mais évidemment, tout dépend d'Eole qui serait un élément important de « désaturation », notamment sur nos lignes critiques. Tout cela nécessite des investissements urgents, afin d'accroître la robustesse des réseaux et leur fiabilité.

Le Premier ministre a annoncé l'accélération de la livraison du Grand Paris Express et ses connexions avec les pôles de développement ; la desserte de l'aéroport d'Orly, qui fut une nouveauté intéressante de son intervention ; l'accessibilité du plateau de Saclay par les lignes 14 et18 ; enfin, l'accessibilité, grâce à la ligne 17, des zones d'activités situées entre Pleyel et Roissy. L'ensemble de ces travaux devra être accéléré en vue d'une mise en service en 2024 et non pas en 2027 comme prévu initialement dans le schéma qui avait fait l'objet de l'accord passé – notamment avec Maurice Leroy – au nom du gouvernement précédent.

S'agissant du financement du Plan de mobilisation pour les transports, nous n'avons pas pris de retard, mais il est désormais urgent – et je sais que Bruno Le Roux et de nombreux députés nous ont appuyés à l'occasion d'un débat un peu délicat sur la taxe de séjour – que le Premier ministre nous garantisse les 150 millions par an de nouvelles recettes régionales – nous passerons ainsi de 350 à 500 millions par an, pour honorer ce plan de mobilisation – ainsi que, bien entendu, la part de financement de l'État dans le contrat de plan, qui est de l'ordre de 200 millions par an. Cela dépendait étroitement du sort réservé à la fameuse écotaxe, qui subit actuellement un certain nombre de modifications. Le Gouvernement réfléchit pour faire en sorte que la taxe apporte, sinon la totalité, du moins l'essentiel de ce qui avait été prévu. Nous avons pris acte de l'engagement de Manuel Valls de régler cette question dans le projet de loi de finances 2015. Car nous sommes très pressés.

Je ferai cependant quelques remarques à propos des transports. Dans le choix des sites, j'imagine que vous vous intéressez beaucoup aux sites autour des gares – également concernés par les engagements qui ont été pris dans les différents contrats de développement territorial (CDT). Mais je conseillerais qu'on ne se limite pas aux gares du Grand Paris Express. Il faut valoriser aussi les RER, même si, d'un point de vue pratique, on est obligé, dans ces gares, de donner la priorité aux flux et à la circulation des voyageurs. Cela oblige à faire en sorte que les démonstrations, expositions, lieux de passage ne viennent pas gêner les flux qui sont déjà largement saturés.

L'Exposition universelle servira sans doute de levier pour l'accélération des travaux, comme on avait pensé que ce serait le cas lorsque l'on avait présenté la candidature de la France aux Jeux olympiques – ceux qui sont devenus les Jeux olympiques de Londres. Évidemment, il ne faut pas que cela se fasse au détriment d'autres sites dont la desserte est prévue, mais qui ne seraient pas retenus pour les lieux d'exposition.

Enfin, nous sommes à la veille de la négociation – et, je l'espère, de la signature – des fameux contrats de plan. Par ailleurs, nous avons signé avec tous les départements des contrats particuliers qui ne sont pas totalement parallèles des contrats de plan, mais qui les complètent.

Nous avons eu récemment connaissance, par le Premier ministre, de l'enveloppe globale de notre contrat de plan : elle est un peu moins élevée que celle du précédent contrat de Plan, mais pas dramatiquement en dessous. Cette enveloppe, qui sera consacrée pour l'essentiel aux mobilités, ne nous paraît pas impossible à gérer. Si l'État accorde vraiment ce qui a été indiqué dans les protocoles signés avec les premiers ministres successifs, nous aurons les moyens de signer un contrat de plan de bonne qualité : il est absolument nécessaire pour Eole, pour la ligne 11 et pour l'amélioration des RER. Ce seront nos trois objectifs principaux au cours de la négociation. Je crois que le préfet de région est en train de disposer de son mandat de négociation, mais nous avons déjà beaucoup travaillé avec la préfecture de région sur les sujets majeurs, notamment en matière de transports. J'ai tendance à penser que si, politiquement, nous parvenons à le faire voter à l'assemblée régionale, malgré les traditionnelles récriminations, nous devrions le signer avant la fin de l'année. Dans l'optique de l'Exposition universelle, nous n'aurons pas beaucoup de temps, mais nous aurons la possibilité de gérer cette question du transport de façon positive.

Voilà ce que je voulais vous dire en introduction. Je n'ai pas d'état d'âme sur l'intérêt de cette opération. Je rappelle simplement que nous nous intéressons aussi à la question des Jeux olympiques de 2024, même s'il n'y a pas de véritable concurrence entre les deux dossiers. S'agissant des Jeux olympiques de 2024, le premier examen de la fiabilité du processus devrait avoir lieu entre novembre et décembre, à l'initiative du mouvement sportif, de l'État et de la région. J'ai noté que la Ville de Paris avait marqué une certaine réserve sur le sujet. Mais, pour notre part, nous sommes également partie prenante.

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