Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 17 septembre 2014 à 15h00
Lutte contre le terrorisme — Article 4

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Non : ce phénomène est un phénomène récent, nouveau, qui conduit à la mobilisation de tous les pays de l’Union européenne dans des termes assez comparables. Il n’existait pas à l’époque. L’argument est d’une grande efficacité politicienne, je dois le reconnaître, mais en droit, il est d’une infinie faiblesse. Ainsi, le fait que nous tenions compte d’un contexte gravissime – car la situation est tout de même extrêmement grave – pour faire évoluer l’état du droit en tenant compte de ce qu’est une menace vous apparaît comme une forme de renoncement. Pas du tout : c’est une forme de lucidité face à un risque. Tous les services de renseignement de l’Union européenne travaillent ensemble pour constater cette réalité, face à laquelle j’appelle la représentation nationale à la lucidité. Le phénomène auquel nous sommes confrontés est d’une extrême gravité. Il a conduit le nombre de jeunes et de ressortissants français qui s’engagent dans ces groupes à augmenter de 74 % en huit mois. Vous rendez-vous compte de la situation ?

Face à cela, l’argument que vous développez consiste à reprocher à un ministre de l’intérieur, qui était député il y a six ans, de tenir compte de la réalité de cette menace en adaptant sa propre position. Mais en politique, la psychorigidité n’est pas une qualité ! Être capable de tenir compte d’un contexte pour prendre de bonnes mesures n’est ni un défaut, ni un reniement : c’est tout simplement de la lucidité face à un risque. Aujourd’hui, nous mesurons ce risque et le danger qu’il représente. Oui, j’ai changé de position sur ce sujet, mais parce que le contexte a dramatiquement changé, et parce que face à celui-ci, le devoir républicain qui est le mien est un devoir de lucidité.

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