La société répond-elle aujourd'hui de façon adéquate aux besoins de ses membres ? Oui et non. Bien que gascon, je fais cette réponse de Normand, car le premier constat que l'on peut faire, c'est que, depuis une trentaine d'années ou peut-être davantage, nous sommes confrontés à une évolution très importante des besoins en matière d'action sociale, consécutive à l'évolution de la démographie et à celle de nos structures sociales. La demande adressée à nos associations est de plus en plus celle de prestations de service individualisées : nos compatriotes souhaitent une personnalisation de l'accompagnement, des conseils professionnels, des conseils familiaux, etc. Elle se fait aussi de plus en plus complexe, ne se bornant pas à la solution d'un problème particulier – de niveau de vie, de consommation, d'accueil de la petite enfance, etc. D'où le choix, pour les propositions que nous avons faites au Gouvernement l'an dernier et dont est issu le plan de lutte contre la pauvreté, d'examiner l'ensemble des problèmes liés à celle-ci et donc aussi bien les questions de revenu que de santé, d'éducation ou de logement, etc. Bien évidemment, la tâche en devient plus difficile.
La puissance publique – État et collectivités – et le monde associatif – les opérateurs – doivent tirer les conséquences de cette évolution. La première doit travailler à une osmose beaucoup plus grande entre des politiques qui, très souvent, communiquent peu entre elles. Le second doit s'organiser également de manière à mener une action transversale, en développant l'intersectorialité. Nous commençons à le faire mais, d'un côté comme de l'autre, d'immenses progrès restent à accomplir. Nous vivons encore sur des schémas de l'action sociale hérités de la Libération, avec une organisation en grands silos : le handicap, les personnes âgées, la famille… L'administration est organisée de cette façon et, par voie d'imitation, le secteur associatif également. Nous devons décloisonner tout cela, ce qui sera difficile, mais, selon moi, indispensable.