Intervention de Catherine Coutelle

Séance en hémicycle du 14 novembre 2012 à 15h00
Questions au gouvernement — Pauvreté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Coutelle :

Ma question, à laquelle j'associe mon collègue Vincent Burroni, s'adresse à M. le Premier ministre.

Dix ans de pauvreté en France : le titre du rapport annuel du Secours catholique résonne comme un constat terrifiant, résultat de la crise mais surtout des politiques menées depuis 2002. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) La pauvreté a touché un million de personnes supplémentaires en dix ans ; 13 % des Français vivent avec moins de 950 euros par mois et 2 millions avec moins de 640 euros.

Cette pauvreté se conjugue surtout au féminin : femmes seules et isolées avec de petites retraites, ou encore jeunes femmes sans formation qui restent longtemps au chômage, touchées par la précarité de l'emploi et mal rémunérées, tandis que 200 000 enfants vivent avec leur mère seule, dans des familles qui peinent à payer à la fois le loyer et l'énergie. En effet, les factures augmentent toujours plus et ces familles finissent par devoir choisir entre le chauffage et la nourriture.

Avec les CDD, les temps partiels, les contrats aidés et les horaires décalés, incompatibles avec ceux des enfants, notre société a multiplié les travailleurs et les travailleuses pauvres. Cette situation concerne une personne sur six dans les emplois de service et une sur cinq dans l'hôtellerie et la restauration, quel que soit d'ailleurs le taux de la TVA !

Les témoignages sont nombreux et durs. « C'est un nouvel esclavage, on a honte, on ne le dit pas, on renonce aux loisirs pour les enfants. » « Je n'ai pas osé avouer à mes profs que je n'avais pas d'abonnement internet à la maison. » « Je n'ai que trente ans et la dureté de la vie, je me la prends en pleine gueule. »

Toutes ces personnes ne comprennent ni les piaillements des « pigeons », ni les manifestations de ceux qui ont déjà beaucoup. (Murmures sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, nous héritons d'une situation catastrophique. Votre gouvernement souhaite agir fortement contre la précarité, vous nous l'avez dit ici même en juillet. Que doit-on attendre de la conférence de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale des 11 et 12 décembre ? Les partenaires sociaux s'empareront-ils de la question de la qualité de l'emploi, en contrepartie du pacte de compétitivité ? Plus de 8 millions de personnes nous attendent et nous voudrions que l'on n'entende plus parler de travailleurs pauvres. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs des groupes écologiste, GDR et RRDP.)

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