Intervention de Carole Crétin

Réunion du 10 septembre 2014 à 14h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Carole Crétin, directrice de l'action sociale de La Croix-Rouge :

La Croix-Rouge reçoit 6 millions de personnes par an dans l'ensemble de ses structures qui proposent des aides alimentaires, vestimentaires, sociales. Ce chiffre est en augmentation – de 10 % à 30 % selon les territoires. Nous voyons de plus en plus de travailleurs pauvres, ainsi que des familles monoparentales avec une femme à leur tête dans 99 % des cas. Nous accueillons également, et c'est une grande préoccupation pour nous, un nombre croissant de personnes retraitées en très grande précarité, en particulier des femmes isolées.

Nous voyons donc deux types de retraités : les retraités en couple, dont les ressources sont très faibles, et surtout des femmes âgées ou très âgées, en perte d'autonomie, dans l'incapacité de se faire aider malgré les aides sociales existantes, et qui ne peuvent être accueillies dans des établissements d'hébergement. Elles se trouvent ainsi dans un entre-deux très problématique, avec un niveau de ressources ne leur permettant pas d'améliorer leur habitation et dans l'impossibilité de bénéficier d'une prise en charge dans des structures collectives. Ce phénomène est observé aussi bien en milieu rural, qu'en milieu suburbain où les habitats sont très dégradés.

Nous partageons le discours du Secours Catholique sur les aides et la solvabilisation des ménages. Il faut une aide au chauffage comme il existe une aide au logement.

Nous distribuons actuellement à nos populations 1 million d'euros en chèques personnalisés, aides ponctuelles qui servent à régler les factures, et cela sur fonds propres.

Lorsque les personnes décident de réduire leurs dépenses, parce que leurs ressources ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins essentiels, elles choisissent d'arrêter d'abord le chauffage – elles le réduisent, ne chauffent plus qu'une pièce, etc. Elles réduisent ensuite leur consommation d'eau et leurs achats alimentaires. Je ne parle même pas des soins, auxquels elles renoncent, si bien qu'elles se retrouvent aux urgences en cas de problème de santé.

Je tiens ici à souligner la problématique de la mobilité pour les travailleurs pauvres. L'entretien de leur véhicule et l'essence représentent des sommes importantes pour leurs petits budgets.

Nous réalisons actuellement une étude pour la Caisse des dépôts sur l'habitat indigne et la rénovation des habitats précaires. Nous vous ferons donc très vite des propositions concrètes. En la matière, notre pays n'est pas à la hauteur des besoins, puisqu'il octroie 16 000 aides à la rénovation énergétique, alors qu'il en faudrait 1 million. En outre, le reste à charge est trop important – de 4 000 à 5 000 euros –, si bien que les populations concernées ne peuvent engager les travaux, dont le coût moyen est de 15 000 euros. Par conséquent, il faut trouver des mécanismes de soutien pour une couverture à 100 %.

J'ajoute qu'il est très difficile, pour effectuer ces travaux, de trouver des artisans, qui considèrent les ménages insolvables. Aussi plaidons-nous pour un programme public de rénovation énergétique, qui intègre les artisans, ce qui permettrait au passage de relancer l'emploi.

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