Intervention de Jean-Hervé Lorenzi

Réunion du 11 septembre 2014 à 8h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes :

Tôt ou tard, l'Europe renoncera à son absurde politique de réduction de la dépense. Il y a quinze ans, l'OCDE n'imaginait pas que tous les pays puissent adopter la même ligne au même moment. C'est pourtant ce que nous faisons. Dans trente ans, les étudiants en économie souriront de la politique actuelle, comme nous avons souri de celle qu'ont menée les États-Unis en 1929.

Contrairement à ce qu'on entend dire partout, il y a de l'argent en Europe. Jean-Claude Juncker gère un budget de 300 milliards. Le principal problème est l'aversion des épargnants pour le risque. La difficulté sera donc de trouver une garantie, à moins qu'on ne préfère parler, comme les banquiers, de hors-bilan ou, comme Jacques Delors, de project bonds. L'Europe devra garantir l'argent privé. Je rappelle que le programme nucléaire français a été financé à 100 % par de l'argent privé garanti par l'État français. L'exposition universelle pourra être organisée grâce à de l'épargne privée, qui se portera vers des obligations privées, mais le dispositif devra être garanti au moins partiellement à l'échelon français ou européen.

C'est sur le partage du risque que devront porter les nouvelles méthodes de financement, sans lesquelles des sociétés inquiètes et vieillissantes comme l'Allemagne et la France ne s'engageront pas. Si la France émet un emprunt obligataire de plusieurs milliards, nos concitoyens auront envie d'y participer, s'ils sont assurés d'être remboursés.

Quand on aura constaté le ralentissement de l'économie européenne, qui se produira nécessairement, y compris outre-Rhin, le débat sur l'investissement sera relancé. Autant dire que le risque et la garantie seront au coeur des débats des dix prochaines années.

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