En tout cas, si l'on ne trouve pas les 30 millions nécessaires à la pré-candidature, mieux vaut renoncer tout de suite, car on ne peut réaliser une exposition universelle à moins de 20 ou 30 milliards. Dans ce cas, je me battrai pour que nous obtenions l'organisation des JO.
Le projet d'exposition universelle doit insister avec modestie et intelligence sur l'aspect environnemental. Il doit montrer le monde tel qu'il va se fabriquer. On nous assure que la science y a sa place, même si je ne la vois ni dans les chiffres ni dans la réalité. Quoi qu'il en soit, il faut construire un discours très cadré sur le respect des grands équilibres naturels.
D'autre part, il faut réunir tout le monde. Cette tâche, monsieur le président, convient à un centriste. Si le projet le convainc, le Président de la République pourra le soutenir, ce qui redora son blason.
Enfin, il faut montrer que l'organisation vise à utiliser intelligemment toutes les dépenses engagées aussi bien pour le Grand Paris qu'à Marseille, Bordeaux ou Brest.
Pour le montage financier – je parle des 20 milliards, non du financement de la pré-candidature –, évitons de refaire la même erreur que pour l' «emprunt Giscard », qui était indexé sur l'or. On peut considérer que la moitié des infrastructures figure dans des projets déjà prévus, et que l'autre moitié peut être financée par une émission obligataire assortie d'une garantie. L'emprunt d'État, formule qui a toujours séduit les Français, peut intéresser 65 millions de personnes, qui, fort heureusement, n'ont pas encore quitté leur pays.
Adoptons une position originale. Contrairement à ce que tous répètent, le centre de gravité du monde ne s'est pas déplacé vers l'Asie. Nous sommes capables de mettre en oeuvre une économie respectueuse des ressources et novatrice. Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, considère qu'il existe à Paris 150 000 mètres carrés de lieux d'innovation, ce qui, même si le chiffre est légèrement surévalué, constitue un record mondial.
Demandons-nous toutefois pourquoi notre candidature à l'organisation des JO n'a pas été retenue. Peut-être le soutien des chefs d'entreprise n'a-t-il pas suffi. D'où la nécessité de mettre en avant d'autres personnalités : vous-même, monsieur le président, le Président de la République, le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Peut-être notre présentation n'était-elle pas suffisante, notre projet pas assez novateur ou la concurrence de la Grande-Bretagne redoutable, sinon déloyale. Notre pays, qui fut, avec l'Allemagne, le berceau de la deuxième révolution industrielle, ne manque pas de cerveaux. À nous montrer, avec modestie, notre immense ambition scientifique et sociétale.