Le véhicule hydrogène est électrique ; il possède une petite batterie et un gros générateur d'hydrogène. La voiture Hyundai ix-35 présente un grand agrément de conduite, une forte puissance – de 100 kilowatts –, une autonomie de 600 kilomètres et une durée pour faire le plein qui n'excède pas trois minutes ; elle offre donc le même service que celui offert par un véhicule diesel, l'agrément de conduite en plus et l'émission de CO2 en moins.
Hyundai produit quelques milliers de véhicules à hydrogène par an ; en Californie, la ix-35 coûte 30 000 dollars ou 3 000 dollars puis 500 dollars par mois, plein compris. Cette offre s'avère très compétitive, même si elle bénéficie d'un bonus écologique et d'un crédit d'impôt comme en France. La Toyota qui sera mise sur le marché en 2015 sera vendue 50 000 dollars ; il s'agira d'un véhicule haut de gamme, disposant d'une autonomie de 600 kilomètres, de la climatisation, de la radio, des vitres électriques et qui roulera à 150 kilomètres heure. Le marché de l'automobile va se séparer : ceux qui font le plein tous les trois mois n'auront pas besoin de ce type de véhicule, mais ceux qui effectuent de fréquents trajets intercités, comme en Allemagne, seront intéressés par cette offre de véhicules à hydrogène.
Les technologies ne sont pas mûres dans le domaine du stockage d'énergie pour les sites insulaires. Quel est le vrai prix du mégawattheure en Corse ? Sur l'île de Stromboli, il s'élève à 2 000 euros, ce qui est cher pour un usage domestique – même s'il coûte 8 000 euros dans nos smartphones, prix qui se trouve amorti par le service rendu. Nous travaillons donc dans les îles pour développer des technologies. À ce jour, la batterie se révèle insuffisante, car l'on ne peut stocker que six heures. Pour stocker sur de longues périodes, l'hydrogène a un potentiel, même si le rendement reste aujourd'hui médiocre.
Quel modèle d'entreprise pour le stockage de l'électricité ? Il faut sortir du schéma qui consiste à acheter de l'électricité pas chère pour la revendre lorsque son prix a augmenté ou à la stocker pour la remettre dans le réseau, car il écrase la rentabilité des systèmes. Il faut utiliser cette électricité pour alimenter les bus à hydrogène ou le réseau de gaz naturel de ces îles ; dans ce cas, et avec un peu de bonus écologique et de crédit d'impôt, la rentabilité est possible.
Le rendement de l'électrolyse est aujourd'hui compris entre 65 et 70 % quand celui d'un moteur thermique dans une voiture ne dépasse pas 20 %. Le rendement n'est donc pas le seul élément à prendre en compte, et l'investissement s'avère également important. Si l'on récupère de l'électricité à un prix de 70 euros le mégawattheure, on arrive à dégager une rentabilité en injectant et en fabriquant de l'équivalent du gaz naturel. Avec le CEA, nous travaillons sur les futures technologies qui permettront d'accroître le rendement.