Intervention de Gérard Mestrallet

Réunion du 18 septembre 2014 à 11h00
Commission spéciale pour l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte

Gérard Mestrallet, président-directeur général de GDF-Suez :

Monsieur le président Je suis heureux de l'occasion qui m'est donnée d'échanger avec votre commission, mais également de ce projet de loi. La transition énergétique est déjà une réalité en Europe et en Amérique du Nord, et le deviendra bientôt dans le reste du monde. Miniaturisés grâce aux technologies renouvelables, les équipements de production d'électricité deviennent plus accessibles dans les territoires, au plus près des consommateurs, auxquels le croisement des technologies énergétique et digitale donne la capacité de gérer leur énergie. Nous passons ainsi d'un modèle dominé par les grandes centrales à un autre, décentralisé et producteur d'énergie décarbonée. Cette transformation est irréversible. Elle s'effectue en Europe de façon assez chaotique, sans être soutenable ni durable dans tous les pays. L'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne sont allés trop vite et trop loin : outre la déstabilisation des marchés de l'électricité, cela a eu un coût considérable pour ces pays et pour les consommateurs. L'encadrement de ce mouvement par les pouvoirs publics est donc une nécessité.

Nous avons accueilli ce projet de loi, comme le débat qui l'a précédé, avec satisfaction car il permet d'encadrer la transition énergétique, voire de l'accélérer là où c'est utile. GDF-Suez a précisé, au début de l'année, sa stratégie qui repose sur deux piliers. Déjà présents dans soixante-dix pays, nous entendons devenir l'énergéticien de référence dans les pays à croissance rapide ; en Europe, nous souhaitons être le groupe leader de la transition énergétique, signe que nous avons pris acte du changement de modèle. Les vieilles centrales au charbon seront déclassées, même si le charbon survit temporairement grâce à la production américaine ; aussi GDF-Suez a-t-il décidé d'augmenter le rythme de ses investissements, passant de 7 milliards d'euros l'an dernier à 9 à 10 milliards annuels pour les trois prochaines années. En Europe, nous mettons l'accent sur les énergies renouvelables, les EnR – électricité, chaleur et gaz –, et sur l'efficacité énergétique, à laquelle sont spécifiquement dédiés 90 000 emplois, dont 40 000 en France. Cela fait de notre groupe le leader européen et même mondial – même s'il doit encore accroître son implantation dans les pays émergents – en matière d'efficacité énergétique.

Nous nous sommes mobilisés en interne à l'occasion du débat sur la transition énergétique ; cela nous a permis de formuler vingt-deux propositions, dont une sur le passeport de rénovation énergétique, et une autre sur le biogaz. Lors du débat, nous avions d'ailleurs insisté pour que la loi vise toutes les formes d'énergie, et non la seule électricité, qui représente moins de 20 % de la consommation énergétique globale. C'est ce que fait le projet de loi ; il vient donc à point nommé pour accompagner cette révolution irréversible.

Notre groupe est un énergéticien à part entière – Suez environnement étant un groupe indépendant. Il génère un chiffre d'affaires de 82 milliards d'euros et emploie 150 000 personnes, dont la moitié en France. Il faut souligner que, même dans un contexte de croissance nulle et de baisse de la consommation d'électricité et de gaz, le secteur des services de l'efficacité énergétique, lui, continue de croître, à un rythme de 2 à 2,5 % par an. Ce secteur est faible en capital mais riche en emplois, si bien que GDF-Suez embauche en France : 10 000 personnes l'an dernier. Nous prévoyons d'en embaucher 45 000 autres dans les cinq prochaines années, principalement dans ce secteur.

Le projet de loi met l'accent sur la rénovation énergétique des bâtiments ; le passeport de rénovation énergétique pourra être intégré, sous réserve de précision expresse, dans les programmes de certificat d'économies d'énergie.

Nous nous réjouissons également de voir accrus les moyens annoncés pour le fonds chaleur et la méthanisation. GDF-Suez a d'ores et déjà lancé cinq opérations de réinjection du biométhane dans le réseau de gaz. Le projet de loi fixe des objectifs stratégiques à l'horizon 2020 ou 2030 ; à ce sujet, un objectif d'au moins 10 % de biogaz dans la consommation française d'ici à 2030 nous semble atteignable : cela signifierait une économie de 10 % du gaz importé.

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