Intervention de Gérard Mestrallet

Réunion du 18 septembre 2014 à 11h00
Commission spéciale pour l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte

Gérard Mestrallet, président-directeur général de GDF-Suez :

Il faut en effet investir pour améliorer et optimiser les barrages, ce que font déjà certains concessionnaires, mais il est également normal que les opérateurs en compétition pour les concessions présentent aux collectivités locales leur programme d'investissement et d'aménagement des équipements hydrauliques.

Il n'y a pas de risque à mes yeux d'une régionalisation de l'hydroélectricité. Les régions vont davantage s'impliquer, mais les infrastructures existantes continueront de dominer la filière ; les nouvelles constructions, dans les vallées où tout le potentiel hydroélectrique n'a pas encore été exploité, ne représentent qu'une augmentation de 10% des investissements et de la production. Quant aux retombées économiques et financières, elles se répartiront en toute logique entre les différents niveaux de collectivités territoriales, mais je n'imagine pas de concurrence entre les régions.

Que ce soit au sein du groupe Magritte ou dans la perspective de la Conférence des parties signataires de la convention Climat (COP) de l'an prochain, nous militons pour la fixation d'un prix mondial du carbone. C'est certes un peu utopique, mais c'est ce qui avait été tenté en Europe ou en Australie. Le prix du carbone doit être le paramètre principal, primant sur tous les autres – efficacité énergétique ou part des énergies vertes –, qui doivent en découler. Il faut fixer un prix cohérent avec l'objectif de réduction de 40 % des émissions de CO2 à l'horizon 2030, le volume des certificats d'émission pouvant être modulé d'une année sur l'autre en fonction de la croissance économique européenne, de façon à éviter un effondrement complet du prix du carbone comme ce fut le cas lors de la récession de 2009, qui a conduit à la destruction du système européen. L'objectif est que ce prix carbone oriente les décisions d'investissement des opérateurs vers des technologies décarbonées. Cela renchérirait inévitablement le prix du charbon pour les consommateurs, qui opteraient alors pour le gaz, ce qui permettrait de rétablir au niveau européen une hiérarchie des énergies plus conforme à la transition énergétique. C'est en tout cas la position que je défendrai à New York la semaine prochaine lors de la réunion préparatoire à la COP, où je dirai également un mot des green bonds.

Nous sommes partisans d'une cohabitation entre le chèque énergie et les tarifs sociaux, le chèque constituant à la fois un complément et une option pour les consommateurs préférant cette solution à celle des tarifs sociaux. Dans cette optique, les objections avancées par Denis Baupin tombent. Ma crainte toutefois est que le chèque ne perde de son efficacité, en cas d'inadvertance ou de négligence des bénéficiaires.

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