Intervention de Dominique Maillard

Réunion du 18 septembre 2014 à 16h00
Commission spéciale pour l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte

Dominique Maillard, président de RTE :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, je vous remercie de nous avoir associés à votre réflexion dans le cadre de l'élaboration du projet de loi sur la transition énergétique.

Le réseau électrique a pour objet de relier des points de production et des points de consommation. Pendant très longtemps, on a considéré que le facteur principal c'était l'évolution de la consommation. Quand elle doublait au bout de dix ans, nos concitoyens comprenaient aisément qu'il fallait renforcer le réseau, créer des postes. Aujourd'hui, on se rapproche d'une stabilité en matière de consommation d'électricité, l'évolution étant assez contrastée selon les régions. Dans certains pays européens, la consommation d'électricité a même baissé. Pourtant, il nous faut continuer à investir pour renouveler les équipements mais aussi pour renforcer le réseau. Dans ce raisonnement, où est la faille ? S'agit-il d'un délire d'ingénieurs désireux de couvrir la France d'une toile d'araignée ? Non, bien sûr. Mais relier, c'est tenir compte de l'évolution tant de la demande que de l'offre. Or ce qui est appelé à changer radicalement et qui dépendra de ce qui sera mis en oeuvre dans le cadre de la politique énergétique choisie, c'est la politique de l'offre. Tous les pays européens, dont la France, s'inscrivent dans le renforcement du recours aux énergies renouvelables qui, par définition, sont beaucoup mieux réparties. Cela engendre des flux qui seront amenés à traverser notre territoire ou d'autres pays. Certains sites de production actuels ne le seront plus, d'autres seront conservés mais avec d'autres types d'équipements. Tel est le défi majeur auquel nous devons faire face.

Cela ne vous surprendra pas si je vous dis que le développement de nos ouvrages, notamment aériens, ne recueille pas nécessairement l'assentiment spontané des riverains concernés. Au milieu du XXe siècle, il fallait apporter l'électricité là où elle n'était pas accessible. Aujourd'hui, les populations considèrent que l'électricité arrive partout. Il est donc plus difficile d'expliquer à nos concitoyens que l'on crée des lignes pour renforcer les interconnexions, parce que des flux d'électricité peuvent traverser le pays, parce que nos voisins et amis espagnols ont des productions d'énergie photovoltaïque ou éolienne qui dépassent les capacités d'accueil de la seule péninsule ibérique.

Nous ne sommes pas seulement gestionnaires et opérateurs d'un réseau, nous sommes aussi responsables de l'équilibre entre l'offre et la demande. Nous ne sommes ni producteur ni consommateur, mais chaque fournisseur du marché électrique français a l'obligation de fournir autant d'électricité que ses clients vont en consommer. Il doit fournir autant d'énergie et autant de puissance. La puissance, c'est soit de la capacité de production soit de la capacité d'effacement. À cet égard, il y a une sorte de paradoxe puisque l'on répète à l'envi que l'Europe est en surcapacité alors qu'un pays voisin a annoncé qu'il devra procéder, cet hiver, à des délestages tournants. Nous n'en sommes pas là en France, mais à moyen terme les capacités disponibles, compte tenu des décisions annoncées par certains fournisseurs, nous laissent entrevoir un risque de déficit entre la disponibilité des capacités de production et la consommation. Nous sommes au coeur de ce dispositif alors que nos clients ont des exigences croissantes.

Les pertes liées au transport représentent 2 %. Les lois de la physique sont telles qu'il y a en effet des pertes lorsqu'il y a une certaine distance entre le point de production et le point de consommation. Cela dit, l'Europe a la chance d'être une zone relativement dense en termes de population et d'activité économique. À l'inverse, certains grands pays comme la Chine, la Russie ou le Canada doivent transporter l'électricité parfois sur plusieurs milliers de kilomètres. Les pertes en Europe sont donc plus faibles que celles de ces pays.

Nous achetons de 10 à 11 milliards de kilowatts-heure. Le mégawattheure valant 60 euros, cela représente 600 millions d'euros, ce qui équivaut à notre masse salariale. Les 2 milliards que vous évoquez, ce sont l'ensemble des pertes liées au transport et à la distribution.

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