J'aimerais à mon tour avoir votre éclairage sur le bilan prévisionnel que vient de publier RTE, monsieur Maillard. Le constat préoccupant qu'il dresse est révélateur d'une singularité française : la forte sensibilité climatique de notre consommation d'électricité. Certains peuvent en tirer la conclusion qu'il importe d'augmenter toujours plus les capacités de production pour répondre à la pointe hivernale. Ne devrait-on pas plutôt considérer que cette spécificité appelle une politique ambitieuse et coordonnée ? J'aimerais avoir votre analyse sur ce point.
Cela m'amène à une autre question. Le projet de loi prévoit l'installation de 7 millions de bornes électriques. Qu'en penser alors qu'il y a des risques de ne pouvoir supporter la pointe ? Y a-t-il eu des études sur l'impact de leur installation ? J'espère que tel est le cas, compte tenu de l'ampleur du dispositif.
S'agissant des prévisions de consommation, le scénario médian me paraît peu compatible avec une réduction, à l'horizon 2025, de la part du nucléaire à 50 % sans fermeture de réacteur. Cela supposerait, en appliquant grossièrement une règle de trois, une augmentation de 50 % de la consommation électrique en dix ans.
L'article 51 du projet de loi, que vous n'avez pas évoqué, prévoit la création d'un registre des installations de production et de stockage. Comment envisagez-vous son fonctionnement ? Vous y avez sans doute déjà réfléchi car cette disposition est certainement le fruit d'échanges entre RTE et la direction générale de l'énergie et du climat.
Pour ce qui est du gaz, monsieur Trouvé, je dois tout d'abord me réjouir que vous ayez déclaré haut et fort que sa troisième révolution passe par le gaz renouvelable et non, comme certains voudraient le faire croire, par le gaz de schiste. Il est important que les professionnels du gaz en France prennent cette position. Par ailleurs, je partage votre point de vue selon lequel il serait bon que la programmation pluriannuelle distingue les niveaux de contribution à l'effet de serre des différentes énergies fossiles.
Dans le cadre de la directive européenne sur les carburants alternatifs, j'aimerais avoir des précisions sur l'avitaillement. Il y a quelques mois, il m'avait été répondu que le coût de l'installation de postes dédiés aux véhicules au gaz dans les stations-service s'élèverait à 1 milliard d'euros. Certes, il n'est pas négligeable mais il ne paraît pas non plus disproportionné par rapport au coût d'installation des 7 millions de bornes électriques. Confirmez-vous cet ordre de grandeur ?
Il a été envisagé, vous le savez, de remplacer les véhicules utilitaires légers employés par les artisans, qui fonctionnement aujourd'hui très majoritairement au diesel, par des véhicules utilisant le GNV. Que pensez-vous de la possibilité d'utiliser des petits compresseurs qui, pour quelques centaine d'euros, permettraient aux artisans de se raccorder au réseau de gaz pour faire le plein sans avoir à passer par des stations-service ? Doit-on encourager cet équipement ? La question a son importance, compte tenu du problème de santé publique que pose le diesel.