Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 24 septembre 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forces armées en irak et débat sur cette déclaration

Manuel Valls, Premier ministre :

Ce n’est pas notre intervention qui nous expose au terrorisme. Cette menace, elle est là, elle existe depuis longtemps, et c’est pour cela que nous agissons et que nous intervenons. Aider l’Irak, c’est protéger la France et c’est agir pour notre sécurité nationale.

Depuis plusieurs mois, la France a pris l’initiative, parce que notre pays a toujours été présent au Moyen-Orient, et parce que nous avons des responsabilités et des devoirs envers cette région. Nous en comprenons la complexité. Nous examinons la situation précisément, dans le détail, avec la profondeur historique d’une vieille nation, en évitant le simplisme et les caricatures qui ont fait tant de mal précisément à cette région depuis plusieurs années. Début août, alors que l’intégrité territoriale de l’Irak était mise à mal, que des minorités étaient menacées et que la situation humanitaire se dégradait, la France a décidé de s’engager, tout d’abord, par de l’assistance humanitaire, puis par la fourniture d’armes et la formation de combattants.

Ce sont désormais nos avions de chasse qui survolent le territoire irakien, pour des missions de reconnaissance et, depuis vendredi dernier, pour des frappes. Les opérations aériennes en cours sont conduites en plein accord avec les forces armées irakiennes et en coordination avec nos alliés, en particulier les États-Unis et leurs partenaires arabes. Notre objectif est clair. Il a été mûrement réfléchi. Il a été annoncé par le Président de la République.

Cet objectif, je le rappelle devant vous : nous répondons à la demande de soutien des autorités irakiennes, pour affaiblir l’organisation terroriste Daech, car il faut aider les forces de sécurité irakiennes et les combattants kurdes à restaurer la souveraineté de l’Irak.

Cet engagement militaire se traduit par des opérations aériennes sur le territoire irakien. En revanche, nous n’engagerons pas de troupes françaises au sol. Nous resterons impliqués, le temps nécessaire, jusqu’à ce que l’armée irakienne ait repris le dessus sur Daech.

Nous n’agissons pas seuls. L’action de la France s’inscrit dans le cadre d’une coalition politique et militaire. Cette coalition s’est constituée à Paris, lors de la conférence sur la sécurité et la paix en Irak, à l’initiative du Président de

la République, le 15 septembre dernier.

J’en viens à la Syrie, où le régime de Bachar Al Assad continue de semer le chaos qui profite aux terroristes. Le Président de la République l’a rappelé lors de sa conférence de presse de jeudi dernier : la France était prête à prendre ses responsabilités, il y a un an, lorsque les preuves de l’usage d’armes chimiques par Assad contre son propre peuple ont été rassemblées. Nous n’en serions certainement pas là, en Syrie, si la communauté internationale était alors intervenue.

2 commentaires :

Le 25/09/2014 à 08:59, laïc a dit :

Avatar par défaut

"Nous n’en serions certainement pas là, en Syrie, si la communauté internationale était alors intervenue."

Ben oui, en intervenant, la communauté internationale aurait ensuite remis le pouvoir à un gouvernement fantoche, renversé 3 jours plus tard par les islamistes et, à l'heure actuelle, au lieu que la capitale de l'Etat islamique soit Mossoul, ce serait Damas.

En fait, pour prévenir les affreux crimes contre l'humanité perpétrés par Bachar El Assad pour lutter contre les islamistes, il aurait fallu dès le début aider Bachar El Assad : celui-ci se serait senti plus en confiance, plus encadré et surveillé, et n'aurait pas commis les crimes atroces que l'on connaît. Maintenant c'est trop tard, le monde entier est obligé de reconnaître en Bachar El Assad un allié précieux et indispensable dans la lutte internationale contre l'Etat islamique.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 28/09/2014 à 23:56, chb17 a dit :

Avatar par défaut

Selon le Premier ministre, en Syrie, "le régime de Bachar Al Assad continue de semer le chaos qui profite aux terroristes".

En matière de chaos, il faut tout de même préciser que la France a joué un rôle actif quoique peu efficace dans la tentative de renverser ce "régime", notre pays tenant à bout de bras l'évanescente coterie d'émigrés "5 étoiles", soutenant de diverses manières et armant les rebelles (= terroristes), allant jusqu'à empêcher la participation des réfugiés syriens aux élections résidentielles...

Quant à l'affaire des armes chimiques, les "preuves" de leur utilisation par l'armée syrienne rappelle fâcheusement le tube de poison exhibé à l'ONU en 2003 par un fieffé menteur. La France est la seule à en faire encore état! Mme C. del Ponte et quelques véritables journalistes ont suffisamment ruiné ces allégations pour que l'on cesse de les rabâcher. Leur évocation devant l'Assemblée prouve la faiblesse morale de celui qui ne les utilise que pour justifier une nouvelle aventure militaire coûteuse et illégale, à la remorque des USA.

Poussant à la fois les "djihâdistes" sectaires en Syrie et cette opération contre eux en Irak, c'est notre diplomatie de menteurs criminels qui expose la France au terrorisme !

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion