Les États-Unis, aidés des principaux pays de la région, ont décidé de mener des opérations contre les fiefs de Daech sur le territoire syrien.
Pour notre part, nous avons fait le choix de nous concentrer sur l’Irak et de continuer à soutenir l’opposition modérée au régime de Bachar Al Assad. Dans un contexte particulièrement difficile, ces forces d’opposition luttent avec détermination aussi contre les terroristes. Nous sommes résolus, avec nos partenaires, à leur apporter un soutien civil et militaire accru. Nos efforts sont complémentaires de l’action militaire que mènent les Américains.
Mais nous l’avons déjà dit et je le répète ici devant vous : Bachar Al Assad ne peut absolument pas être un partenaire dans la lutte contre Daech.
L’action militaire, mesdames et messieurs les députés, répond à l’urgence. Le combat est un combat de longue haleine contre le fanatisme, cette idéologie de mort qui détourne, corrompt le message de l’islam. Ce combat, ce n’est pas l’Occident contre le Moyen-Orient. Ce combat, ce n’est pas une croisade. Et il appartient aussi aux pays arabes, ensemble, d’agir. Ils sont d’ailleurs engagés dans les opérations.
Mais sans un accompagnement de long terme, sans une réponse diplomatique, et surtout politique, aux causes de la menace, cette action militaire risque d’être vaine. Ce que vit cette région aujourd’hui le démontre, confirmant la position défendue avec force par la France en 2003, par la voix de Jacques Chirac.
La conférence internationale de Paris a donc constitué une étape importante. Je veux à ce propos saluer l’action du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, qui a organisé ce rendez-vous avec une telle efficacité.
Elle a permis de déterminer les grandes lignes d’une stratégie commune et de démontrer la mobilisation de vingt-neuf pays et organisations internationales pour soutenir les nouvelles autorités irakiennes, engagées dans la reconstruction de l’État irakien et la réconciliation du pays, il ne pourra en être autrement, autour d’un gouvernement inclusif.
Les participants se sont entendus pour lutter contre la radicalisation, pour améliorer le contrôle des frontières, pour tarir les flux de combattants étrangers et assécher toutes, je dis bien toutes, les sources de financement de Daech.
C’est en effet une stratégie d’ensemble qui est nécessaire pour combattre ce terrorisme. L’action militaire n’en est qu’un des aspects. Au-delà de l’engagement militaire, il faut poursuivre les efforts déployés en matière d’aide humanitaire. Les partenaires de cette conférence s’y sont engagés. La France est en première ligne. Nous avons déjà affrété 87 tonnes d’aide ; nous continuerons cette assistance, notamment en direction des minorités : je pense tout particulièrement aux chrétiens d’Orient, pourchassés et massacrés depuis des années.
Pour stabiliser la région, le sort des populations déplacées doit également faire l’objet d’une mobilisation internationale. C’est vrai pour l’Irak, pour la Jordanie et pour le Liban, ce pays ami qui mérite notre solidarité et notre soutien. Face à l’urgence, nous accueillons des réfugiés ayant un lien avec la France. Samedi, le ministre des affaires étrangères a ainsi accueilli, une nouvelle fois, près de cent cinquante réfugiés irakiens à l’aéroport de Roissy.
La France assume à nouveau ses responsabilités en agissant pour sa sécurité, ses intérêts et la défense de ses valeurs.
Je dis « à nouveau », car nos armées restent déployées en Afrique sahélo-saharienne, au Mali, au Tchad, au Niger pour lutter contre le terrorisme dans le cadre de l’opération Barkhane. De même, nos soldats sont engagés en République centrafricaine pour aider à stabiliser ce pays. Nos forces sont aussi engagées au Liban, où elles participent à la sécurisation du sud du pays et appuient les forces armées libanaises.
Je veux saluer de ce point de vue l’action du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian.
Je l’ai dit hier lors de mon déplacement en Allemagne : la France agit lorsque sa sécurité est en jeu ; mais elle agit aussi pour l’Europe. L’Europe ne peut toutefois pas remettre sa sécurité à un seul de ses États membres, fût-ce la France. C’est pourquoi nous n’abandonnons pas notre volonté de voir progresser une véritable Europe de la défense.