Intervention de Patricia Adam

Séance en hémicycle du 24 septembre 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forces armées en irak et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Adam, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, à ce stade de notre débat, j’essaierai d’éviter de répéter des propos déjà tenus par l’un ou l’autre des orateurs. Je m’en tiendrai à exprimer, bien sûr, mon soutien à cette intervention.

Si je crois profondément que l’action militaire a des limites, je constate aussi que, dans cette zone, face à cet ennemi-là, l’inaction serait la pire des choses – le précédent syrien nous a malheureusement montré qu’elle renforçait les extrémistes.

C’est un processus courant, lorsque l’on se prépare à l’affrontement, de tenter de décrédibiliser son ennemi pour justifier son engagement, voire pour se rassurer. Je ne me livrerai pas à ce type d’exercice, tant la simple réalité du programme totalitaire et des moyens utilisés par Daech sont parlants. En revanche, je veux souligner ici trois éléments dont l’importance est fondamentale pour l’analyse de la situation.

Le premier de ces éléments est l’échelle à laquelle agit ce mouvement. En raison de la situation préexistante en Irak, l’ampleur des moyens et des buts de guerre affichés doit nous alerter. L’adversaire veut sortir d’une logique d’affrontement asymétrique, à laquelle nous étions habitués, pour s’élever en alternative aux régimes politiques existants dans la région, voire au-delà. D’une certaine façon, la situation est bien plus grave qu’avec Ben Laden, dont les buts de guerre étaient limités géographiquement.

Le deuxième élément est la contagion du fléau. Au-delà de l’instauration d’un régime totalitaire en Irak, on sait que l’objectif suivant est celui d’un affrontement direct avec le monde chiite, donc avec l’Iran, sachant que l’idée est aussi d’obtenir une jonction avec les divers groupes djihadistes armés en Syrie, au Liban, et pourquoi pas – car tel est ce qui est en train de se profiler – en Égypte, en Libye, au Sahel, voire jusqu’au golfe de Guinée.

Il existe aujourd’hui une porosité entre les différents mouvements existants et, malheureusement, l’otage français en Algérie en est la démonstration.

Le troisième élément est le risque que la situation fait peser sur notre pays et la capacité de résilience de notre population. Je ne développerai pas ce point, mais il est fondamental. Depuis le 11 septembre 2001, la conflictualité croît sans cesse dans notre environnement, y compris dans notre environnement proche. Je n’évoquerai pas ici les errements de la Russie qui sont d’un autre ordre, mais je signale toutefois que l’ensemble des théories sur la paix éternelle en Europe et sur le rôle pacificateur de l’économie de marché ont été balayés par les faits. Il en résulte un problème pour l’Europe et, bien sûr, pour la France.

Ce problème est l’inadéquation des moyens et des menaces au sein de l’Union européenne. Si deux Livres blancs successifs ont permis d’établir la continuité entre sécurité et défense, et si des efforts sont faits dans le domaine du renseignement, les chiffres sont néanmoins inquiétants. Depuis 1990, la part de PIB des dépenses de défense de notre pays en normes OTAN est passée de 3,3 % à 1,9 %, soit une baisse de 1,4 point de PIB.

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