Oui. Cela s'explique par un mode de formation particulier au Maroc. Nous essayons de faire en sorte que les femmes intègrent le plus possible l'entreprise. Aujourd'hui, compte tenu de la croissance de l'activité aéronautique, nous avons embauché pratiquement 30 000 personnes depuis cinq ans. Nous sommes plutôt dans une période de forte croissance des effectifs, tant en France qu'à étranger.
Je suis régulièrement interrogé par les syndicats sur la répartition des résultats. Je peux donc vous dire, sans avoir besoin de réviser que, depuis dix ans, nous distribuons, hors masse salariale, autant de dividendes aux actionnaires que de participations, intéressements, abondements divers et variés aux salariés. L'intéressement a d'ailleurs fortement augmenté l'année dernière. Sur cette période de dix ans, le différentiel est de moins de 100 millions d'euros. Ce sont des systèmes proportionnels qui évoluent de la même manière. La raison commande que les résultats de l'entreprise soient nécessairement partagés entre les actionnaires, qui investissent et prennent des risques, les salariés, qui nous permettent d'obtenir de tels résultats, et l'investissement propre à l'entreprise. Les résultats du groupe Safran pourraient être bien supérieurs, mais ce serait au détriment de sa capacité d'innovation et de ses investissements en recherche et développement. Nous y consacrons chaque année un peu plus de 12 % du chiffre d'affaires, et cette part va croissant. Même dans les périodes plus difficiles, le groupe a toujours maintenu cet effort d'investissement, ce qui lui permet aujourd'hui d'être concurrentiel sur un marché mondial.
Par ailleurs, nous faisons des efforts importants en direction de la société civile, tant en matière d'intégration que de formation.
La réussite d'une entreprise passe nécessairement par l'adéquation entre ces différents facteurs. De surcroît, la situation du groupe Safran est très particulière. Je vois mal quiconque suggérer que la totalité de ses résultats soit distribuée aux actionnaires dont, de toute façon, les salariés représentent eux-mêmes environ 15 %. Nous sommes la deuxième entreprise du CAC 40 en matière d'actionnariat salarié, derrière Bouygues. Les organisations syndicales siègent au conseil d'administration en qualité de représentants des actionnaires salariés et, avec la nouvelle loi, de nouveaux représentants vont arriver très prochainement. Pour notre part, nous avons toujours souhaité qu'il y ait un équilibre entre les différentes parties prenantes de l'entreprise.
Je terminerai sur une remarque beaucoup moins consensuelle. J'ai cru comprendre que certains étaient convaincus que le travail pouvait se partager. C'est en praticien, et sans la moindre intention de polémiquer ou de donner une opinion personnelle, que je réponds : non, le travail ne peut pas, de manière universelle, se partager. Si certaines personnes devaient travailler 20 heures par semaine, cela poserait de multiples questions – coût du travail, niveau de rémunération, possibilité d'affecter les heures ainsi libérées à quiconque chercherait un emploi. Croire que le travail peut se partager est une illusion ; on ne peut pas partager l'activité individuelle entre plusieurs personnes de façon aussi simple, ne serait-ce qu'en raison de la diversité des niveaux de compétence et de responsabilité, des organisations hiérarchiques. Si l'on appliquait cette règle aux représentants que vous êtes, cela voudrait dire qu'il faudrait peut-être avoir des députés de nuit et des députés de jour...
Je souhaite que la situation de l'emploi s'améliore en France le plus rapidement possible, mais je ne pense pas qu'il y ait là une voie, à plus forte raison si elle implique le maintien du niveau des rémunérations, qui accroîtrait encore les différentiels de coût du travail. Si, comme l'a indiqué l'un d'entre vous, le différentiel de temps de travail entre l'Allemagne et la France n'est pas si important, le différentiel de performance économique tient au choix qu'a fait l'Allemagne de bloquer, voire de réduire les rémunérations.