Dans la métallurgie, le patronat a depuis longtemps trouvé le moyen de détourner les trente-cinq heures au moyen des accords de flexibilité devenus accords de compétitivité.
L'intensification du travail, avec la réduction des pauses, le turn-over dans les équipes, le travail décalé, les changements d'équipes et d'horaires et le prêt de salariés entre les sites sont le lot des ouvriers et des techniciens. Les conditions de travail se détériorent, occasionnant chez les ouvriers l'apparition de troubles musculo-squelettiques qui peuvent conduire à des handicaps très importants et à des licenciements.
Tout cela a été confirmé par l'expérimentation du CNAM menée par Yves Clot sur l'organisation du travail chez Renault. Je vous invite à vous reporter à cette étude : elle renseigne sur l'intensification du travail, qui ruine les bénéfices des trente-cinq heures.
Pour les catégories supérieures, on observe un allongement de la journée de travail non rémunéré. En ce qui les concerne, la CGT plaide pour un droit à la déconnexion car les nouvelles technologies permettent d'augmenter le temps de travail inconsidérément. Les cadres supérieurs ne connaissent pas les trente-cinq heures ! Faute d'effectifs suffisants, ils font des journées à rallonge pour mener à bien leurs projets, sous une pression constante de la hiérarchie qui génère un stress pouvant malheureusement parfois conduire jusqu'au suicide.
Si les trente-cinq heures étaient respectées dans la métallurgie, des milliers d'emplois seraient créés là où nous assistons à une destruction massive au nom du capital – les intérimaires sont privés de toute perspective d'avenir et utilisés comme des Kleenex.
Ces problèmes ont des répercussions sur la qualité des véhicules produits. Les pièces doivent être souvent retouchées, ce qui conduit à détériorer encore un peu plus les conditions de travail.
Il est temps de revenir à l'esprit de la loi sur les trente-cinq heures. Dans peu de temps, les salariés de la métallurgie seront usés et il sera très difficile de les reclasser !