…mais notre code du travail s'est construit autour de la durée du travail alors que notre économie était fondée sur l'industrie. Aujourd'hui, avec le développement des emplois de services, les logiques sont différentes. Ce curseur a certes de l'importance et le changer déstabiliserait profondément la situation mais, je l'ai dit s'agissant de la première loi Aubry, nous ne sommes pas allés au terme de la réflexion, nous n'avons pas laissé mûrir les choses. Les forfaits-jours n'ont pas été bien organisés car nous manquions de recul pour le faire. Les évolutions ont ensuite été mal digérées. C'est regrettable.
Il ne faut pas faire porter la responsabilité de tous les maux de notre société à la réduction de la durée légale du travail. Certes, mal préparés, mal organisés ou trop rigides, les accords ont souvent eu des conséquences sur les conditions de travail. Mais les trente-cinq heures ne sont pas à l'origine de tous les risques psycho-sociaux. La pression de la situation économique et celle des actionnaires y tiennent aussi leur rôle.
Il importe aujourd'hui de trouver des équilibres nouveaux tenant compte des évolutions du travail, y compris en posant la question du partage du travail. Il faut peut-être sortir des débats un peu trop dogmatiques. Je pense que la négociation de branche peut y contribuer, sans pour autant remettre en cause le code du travail.
Dans l'actualité récente, le relèvement des seuils de nombre d'heures pour les temps partiels représente une véritable avancée, qui a malheureusement été immédiatement caricaturée. Sommes-nous capables d'aborder toutes ces questions de façon sereine ? Je n'en suis pas sûr et je le regrette. Mais nous sommes prêts à y contribuer.