Intervention de Joseph Thouvenel

Réunion du 4 septembre 2014 à 11h00
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Joseph Thouvenel, vice-président confédéral de la Confédération française des travailleurs chrétiens, CFTC :

J'ai parlé de travail non rémunéré : cela englobe le bénévolat, le temps familial ou l'engagement associatif qui, à côté du travail rémunéré, contribuent au développement de la société et au bien-être de tous et qu'il est donc indispensable de sauvegarder.

Nous travaillons bien sûr avec les organisations syndicales étrangères, notamment européennes. Mais limiter les comparaisons à la seule durée du travail n'a aucun sens, il faut également considérer la productivité. Or la productivité horaire du travailleur français est l'une des plus élevée au monde, sinon la plus élevée. En d'autres termes, on ne peut demander à quelqu'un qui court le cent mètres en dix secondes de parcourir un kilomètre en dix fois dix secondes : la comparaison est faussée si on ne prend pas en compte l'intensité de l'effort.

En Allemagne, on constate une grande diversité de situations. Certaines branches, et non des moindres, appliquent les trente-cinq heures : c'est le cas par exemple de la métallurgie. Mais il avait été décidé, à l'origine, que 18 % des salariés du secteur pourraient travailler davantage et, en 2003, un accord a porté ce taux à 50 %. Gardons-nous donc des simplifications quand nous faisons référence à ce pays ! Reste que c'est celui de la cogestion alors que, dans le nôtre, les grandes entreprises se récrient à l'idée d'admettre les salariés dans les conseils d'administration et de surveillance. Qu'on ne nous demande donc pas de partager les efforts et les épreuves lorsqu'on ne veut pas partager un pouvoir de décision qui a été à l'origine des difficultés présentes !

Le partage du travail est un vrai sujet, mais encore faut-il qu'il y ait du travail ! Nous avons un problème de compétitivité, qui doit nous conduire à nous interroger sur la meilleure organisation pour faire monter en gamme nos produits. Tout le monde s'accorde aujourd'hui sur le fait que les marges de nos entreprises sont insuffisantes pour leur permettre d'investir dans la recherche et le développement dont dépendent les emplois de demain. Reste qu'il n'est pas certain que toutes les entreprises fassent le meilleur usage des mesures, comme le CICE, faites pour accroître ces marges.

Je rappelle enfin que la loi Bertrand de 2008 permet à des accords de branche ou d'entreprise de fixer le contingent d'heures supplémentaires. La dénonciation forcenée des trente-cinq heures n'est-elle pas purement idéologique de la part de ceux qui pourraient utiliser cette possibilité dans leurs entreprises et qui ne le font pas ?

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