Intervention de Jean-Louis Fréchin

Réunion du 23 septembre 2014 à 10h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Jean-Louis Fréchin, commissaire général de Futur en Seine :

Il est clair que notre pays ne va pas bien. Mais paradoxalement, il existe partout et tout le temps des évènements, des actions et des projets. Notre problème n'est pas que l'on manque d'inventivité, ni d'argent. Le problème des Français est qu'ils ne sont pas ensemble. Or pour mener à bien ce genre d'évènements, il faut être ensemble.

Je trouve intéressante l'idée de construire une exposition universelle sur la durée, à partir de réseaux ou en physique. Si la plupart des évènements organisés en France s'appelaient, par exemple, « Bêta Exposition Universelle » et s'inscrivaient dans le cadre d'un projet commun sur une longue durée, la perception qu'on aurait de tous ces évènements – qui aujourd'hui se concurrencent les uns les autres – changerait. Il se tient à Paris quatre salons sur les objets connectés, ce qui est ridicule, alors que l'on n'a besoin que d'aller dans le même sens.

Il existe une forme d'exposition que j'aime beaucoup : tous les vingt ou vingt-cinq ans, la Suisse décide de se présenter au monde – art, technologie, etc. C'est l'identité d'un pays à l'instant t. Or cette exposition suisse est un projet permanent. Nous avons inventé le concept d'exposition universelle, dont nous avons fait trois éditions absolument extraordinaires. Mais nous pourrions choisir d'engager un processus permanent, servant à construire un projet, un destin commun sur une certaine durée, dont l'achèvement pourrait être une exposition universelle.

Sur la contrainte du lieu, je ferai une remarque. Dans un film américain que j'adore, il est dit que « Paris est toujours une bonne idée ». C'est un avantage énorme. Quand on organise le festival Futur en Seine, on a du mal à attirer les étrangers. Lorsqu'on leur parle technologies de l'information et communication, ils pensent plutôt à Berlin, à Londres ou à New York, mais rarement à Paris. Reste que le pouvoir d'attraction de Paris est énorme. Dès qu'on les amène ici et qu'ils voient les « hystériques » du numérique et ces joueurs enthousiastes, la perception change très rapidement.

Nous avons donc la capacité d'inviter le monde à travailler avec nous sur un grand projet urbain, de venir dans une métropole ancienne inventer des enjeux, des façons de vivre demain. La France saura faire passer ce message de manière moderne, contemporaine, sans rester arc-boutée sur un passé glorieux, mais en faisant de ce passé une fondation solide pour rebondir vers le présent et le futur. Je crois même que le monde l'attend. Moi qui voyage beaucoup, j'ai pu constater que les étrangers éprouvaient autant de tendresse que d'agacement envers la France, mais qu'ils préféraient l'aimer que la détester. Si notre pays se lançait dans une exposition universelle, je crois que son message serait bien reçu. Ce serait vraiment utile pour nous tous, qui essayons d'innover et de construire le changement.

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