Vous avez raison, il ne faut pas se demander techniquement comment cela va se passer. Il faut juste poser l'objectif, et se dire que ce pourrait être l'un de ceux de 2025. S'il est atteint avant, d'une façon ou d'une autre, tant mieux. La version intermédiaire le prendra alors en compte.
Il faut déterminer les barrières à franchir, sans se préoccuper du pont, comme le disait Jean-Louis Fréchin. Et justement, dans l'exemple du métro que j'ai donné tout à l'heure, on n'a pas fait de pont : on a gelé la Seine et on est passé en dessous. En fait, c'est l'obstacle qui stimule l'imagination et qui va créer l'innovation. On trouve alors les solutions, les technologies et les façons de faire. Il faut donc pointer du doigt les obstacles en disant : voilà ce que l'on aimerait. Cela nous changerait d'ailleurs par rapport aux dernières expositions universelles, dont la démarche relevait davantage de la démonstration et de l'explication.
Peter Thiel, le fondateur de PayPal, a affirmé, la semaine dernière, dans la revue du MIT, que le progrès technologique s'était arrêté depuis les années soixante-dix et que, depuis que l'on avait inventé la puce électronique et les télécommunications, on ne faisait que déployer ces inventions. Je ne suis pas certain qu'il ait raison, ne serait-ce que parce qu'il ne s'intéresse pas à l'intégralité du spectre de la science. Mais tout de même, il est vrai qu'un apprentissage est en train de se faire et que, plutôt que de poser le débat en termes de technologies contraintes, il faudrait le poser en termes de problèmes à soulever. Or ils sont nombreux, à commencer par ceux qui sont liés à la pauvreté. Ce n'est donc pas forcément très compliqué à imaginer.