Intervention de Béatrice Delpech

Réunion du 23 septembre 2014 à 16h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

Béatrice Delpech, directrice adjointe à l'action politique de l'UFC-Que Choisir :

J'ajouterai que l'expertise est ce qui fait de nous des mouvements d'éducation populaire. Nous, associations consuméristes, agissons pour développer la capacité d'agir des consommateurs. Et cela a un coût : l'UFC-Que Choisir consacre beaucoup de temps et d'argent à la formation des bénévoles. La méconnaissance de cette vocation concourt au déficit de reconnaissance dont nous souffrons.

La déductibilité des dons est d'autant plus essentielle que les financements publics se tarissent et que l'on nous invite de toutes parts à diversifier nos ressources, ce qui est effectivement primordial. Il est inutile de faire des appels aux dons si les gens n'ont aucun intérêt à donner. La part des dons stagne aujourd'hui à 5 % du budget associatif global, et elle ne changera pas sans régime fiscal stable.

Ce qui nous reconduit à la question du modèle économique. Comme fédération, nous avons un rôle pédagogique à jouer auprès de nos associations : nous les invitons à réfléchir à la solidité de leur modèle économique, et nous plaidons quant à nous pour un modèle hybride ou mixte. Nous sommes farouchement attachés à notre indépendance, donc au primat des financements privés : c'est un choix politique. Mais les deux sources de financement sont nécessaires car nous ne pouvons être entièrement tributaires d'une baisse soit des cotisations soit des aides publiques. La ressource publique compte aussi pour nos associations locales car elle équivaut à une reconnaissance de notre action, en l'espèce de notre action territoriale. Les collectivités sont nos premiers partenaires publics et leur aide entérine notre participation à un projet citoyen et de développement territorial.

Notre fédération en tant que telle, abstraction faite de son soutien aux associations locales, réfléchit depuis bien longtemps à la filialisation ou au développement d'autres types d'actions. Nous assumons le risque qu'une partie de notre activité soit de ce fait fiscalisée. Il ne faudrait pas pour autant que l'on nous assimile à n'importe quel acteur économique : notre activité reste non lucrative et porteuse d'un projet politique et de société, d'où sa forme associative.

Mais l'essentiel à nos yeux reste l'intérêt des consommateurs, plutôt que la manière dont nous nous organisons pour le défendre. De ce point de vue, et pour répondre à votre question sur l'effet de la crise, nous constatons – une étude récente le confirme – une grande paupérisation et précarisation des personnes qui s'adressent à nous.

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