Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 17 septembre 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Si nous décidions d'intervenir en Irak, ce serait, encore une fois, sur demande du gouvernement irakien, de la même façon qu'au Mali. Je rappelle que la résolution 2170 du Conseil de sécurité indique qu'il est nécessaire de combattre Daesh.

À partir du moment où il y aura une intervention contre Daesh en Irak, il faudra faire en sorte que les forces irakiennes puissent reconquérir le territoire perdu, ce qui conduira les forces de Daesh à se replier vers la Syrie. Or je ne suis pas sûr que Bachar el-Assad nous demanderait d'intervenir, ni que, dans un tel cas, il faudrait y répondre. Nous devrons tout faire pour que continuer à combattre Daesh n'aboutisse pas à indirectement s'allier avec ce dernier.

Il existe des forces iraniennes, d'environ 2 000 à 3 000 hommes, dans la région de Bassora, qui combattent Daesh. Nous ne pouvons que constater que l'Iran n'a pas souhaité participer à la conférence de Paris. Le nouveau gouvernement irakien, qui n'a pas le sectarisme du précédent, devrait permettre de rallier une partie des sunnites qui, pour des raisons d'opportunité et d'opposition au précédent gouvernement, ont pu rallier Daesh. Il reste que ce processus sera complexe.

Si cela fait déjà un certain temps que je vous dis que le terrorisme d'inspiration djihadiste revêt une dimension globale, cette idée met du temps à prendre corps au niveau international. La France n'a évidemment pas vocation à effectuer toute seule la lutte contre le terrorisme global. Nous assumons notre part avec l'opération Barkhane, qui fonctionne de façon très efficace. S'agissant de l'Irak, la coalition est en cours de constitution : j'ai assisté à la première réunion de Newport où se trouvaient les participants potentiels, parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne, la Turquie, l'Australie, le Canada et le Danemark. Il est nécessaire que la France y prenne part au regard de l'insécurité qu'une absence d'intervention présenterait pour notre territoire. D'autres pays pourraient également en faire partie. Une répartition des tâches s'opère, laquelle suppose notre disponibilité auprès de la coalition. En tout cas, la Russie, qui n'a pas accepté les conclusions de la conférence de Paris, n'en fera pas partie.

Concernant la Libye, on a mal interprété mes déclarations dans Le Figaro. J'avais fait part de la nécessité d'agir, sans pour autant souhaiter prendre la tête d'une coalition. L'Égypte et l'Algérie disposent aussi d'une armée. Je n'ai pas la marche à suivre à ce sujet, en dehors de la conviction qu'une action de l'Union européenne pour favoriser le retour à la paix est nécessaire. Nous fondons aussi beaucoup d'espoir sur la réunion que présidera Ban Ki-moon sur la situation en Libye la semaine prochaine à New York.

J'aborderai les questions financières dans une quinzaine de jours devant vous : je reste d'une extrême vigilance et exigence sur ce point, sans partager votre vision inquiète, monsieur Gautier.

S'agissant de la vente des corvettes, l'Égypte est désireuse de travailler avec la France et notre relation est de grande qualité.

Quant au Burkina Faso, il fait partie des pays à risque, comme tous ceux de la bande sahélo-saharienne, d'autant que la situation peut se tendre à l'approche des prochaines élections. Nous sommes présents à Ouagadougou et agissons au travers de l'opération Barkhane, qui permet une grande réactivité sur l'ensemble de la zone.

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