Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 17 septembre 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

La France entend répéter ses alertes sur la situation dans le pays, en interrogeant les pays voisins, la communauté internationale et l'Europe sur ce qu'il y a lieu de faire. Il y a aujourd'hui une réunion en Espagne, appelée « 5+5 », à laquelle participe le secrétaire d'État chargé des affaires européennes, pour continuer à discuter de cette question. Mais on ne pourra pas prendre d'initiatives sans la participation des États voisins et une validation de la communauté internationale. Il faut rétablir un dialogue interne, auquel l'envoyé spécial des Nations unies s'emploie, sachant que l'Égypte privilégie plutôt l'option militaire.

Monsieur Lamblin, les ressources de Daesh ne reposent pas que sur le pétrole : il perçoit dans certaines grandes villes 7 % des recettes des commerces, et de l'ensemble des acteurs économiques, auxquels s'ajoutent le produit de la drogue et les rançons. Mais il a trouvé l'essentiel de son armement sur place, en récupérant notamment une partie de l'armement syrien ainsi que de l'armement irakien, face à une armée nationale peu efficace.

Il est indispensable d'aider à la reconstitution de cette armée irakienne, car seuls ou à peu près les Peshmergas ont été en situation de pouvoir riposter à Daesh. Je précise à cet égard que nous ne travaillons pas avec le PKK, mais avec le Gouvernement régional du Kurdistan, qui est reconnu institutionnellement – le président irakien est d'ailleurs d'origine kurde. Cette coopération est active avec les Peshmergas ; je considère que la coopération militaire avec l'armée irakienne est avant tout de la responsabilité des États-Unis, car ils ont en quelque sorte une dette à l'égard de l'Irak.

En outre, Daesh a récupéré à Mossoul 450 millions de dollars dans les banques. Il s'agit donc d'un groupe très dangereux, structuré et disposant de moyens d'une ampleur inédite.

En ce qui concerne le rôle des acteurs régionaux, il y a eu une réunion à Riyad la semaine dernière où se sont retrouvés les pays du Golfe, avec la même volonté de participer à l'éradication de Daesh. Mais s'ils s'engageront probablement financièrement dans la coalition, je ne sais pas s'ils le feront aussi militairement, car il existe encore des disparités d'approches entre ces acteurs.

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