Intervention de Philip Cordery

Réunion du 10 septembre 2014 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilip Cordery :

La question économique et sociale est centrale. Le désamour vis-à-vis de l'Union européenne est provoqué avant tout par son orientation économique et sociale. Personne ne comprenait déjà rien au traité de Maastricht, mais l'enthousiasme d'alors pour le projet européen suffisait ; puis, quand les gens ont vu que l'Union européenne ne pesait pas dans la résolution de la crise, le scepticisme a commencé à monter. C'est avant tout la politique d'austérité menée ces dix dernières années qui est la cause de la déflation que nous connaissons aujourd'hui. J'approuve à cet égard les solutions préconisées par le CESE en matière de politique monétaire – Mario Draghi oeuvre plutôt dans le bon sens, mais le dialogue entre la BCE et les pouvoirs politiques est insuffisant –, de New Deal, de clarification des règles du jeu.

La question principale est de savoir comment on finance le plan de relance. Les États ne souhaitent plus contribuer, l'Allemagne ne veut toujours pas entendre parler d'eurobonds et de nouvelles ressources propres et la TTF a du mal à voir le jour. Il n'y aura pas de consensus pour doter l'Europe d'un plan de relance si nous ne fixons pas des règles de financement.

J'en viens à deux ou trois points de désaccord. Tout d'abord, je vous ai trouvé un peu injuste sur la campagne des élections européennes, au regard en particulier des efforts déployés par le parti socialiste européen et son candidat, Martin Schultz.

Ensuite, je ne pense pas que la circonscription nationale aide à européaniser les campagnes. Nous sommes déjà dans des campagnes très nationales. Si nous revenons à une circonscription nationale, les enjeux seront encore plus polarisés, nationaux, sans parler du danger d'éloigner plus encore le parlementaire européen de l'électeur. Je penche plutôt pour des circonscriptions uninominales avec appartenance obligatoire à un parti politique européen, ce qui permettrait de conjuguer le local et l'européen.

Je partage votre conviction sur la nécessité d'un Parlement de la zone euro. Mais cela implique aussi de trouver un autre modèle concret pour les structures actuelles de coopération pour parvenir à mêler plus efficacement parlementaires européens et nationaux. Nous déplorons ainsi que la Conférence budgétaire interparlementaire qu'évoquait la présidente, où les gens ne se connaissent pas et n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, manque encore d'efficacité. Nous pourrions aussi valoriser davantage le Parlement européen, dans le contrôle de la zone euro.

Enfin, si je conviens qu'il faut qu'élargissement et approfondissement aillent de pair, il me semble que, si nous marquions une pause trop longue dans l'élargissement, nous risquerions d'envoyer un signe politique négatif à des Etats qui méritent comme les autres de rentrer. Nous avons une responsabilité politique vis-à-vis des Balkans et de la Turquie.

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