La motion de rejet préalable déposée par le groupe UMP marque notre intérêt partagé pour la transition énergétique. Elle met également en lumière qu’il est urgent, pour nous tous, d’agir. C’est bien l’urgence qui dicte notre action : l’urgence d’un dérèglement climatique qui se traduira d’ici 2100 par une augmentation des températures de 2,7 à près de 8 degrés selon l’endroit du globe et par une augmentation de 1 à 7 mètres du niveau des mers, qui entraînera la disparition de certains territoires – certains ont déjà commencé à disparaître – et des migrations massives, avec les conséquences que l’on sait en termes de conflits.
Ce phénomène n’est pas une fatalité mais bien le résultat de nos modes de production, d’échange et de consommation, et aussi de notre habitude de repousser sans cesse à plus tard la résolution de problèmes qui se posent à nous dès maintenant, et ce d’autant plus pour les populations les plus fragiles et les plus pauvres – les plus pauvres dans le monde, bien sûr, mais aussi les plus pauvres en France : 8 millions de Français sont actuellement en situation de précarité énergétique, et subissent le froid, l’isolement géographique et social, les maladies. J’ajoute que ces 8 millions de Français sont majoritairement des Françaises, puisque les populations les plus touchées sont les familles monoparentales, dont plus de 85 % des chefs sont des femmes. Ce sont aussi souvent des personnes âgées isolées, qui à partir de 80 ans sont à 75 % des femmes, vivant très souvent en milieu rural.
L’urgence est aussi économique : je rappelle que 88 % du déficit de la balance commerciale s’explique par nos importations d’hydrocarbures. Face à ces urgences, la gauche agit, comme vous l’avez fait en votre temps avec la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite « Grenelle II ». Cette loi comprenait 257 articles – le présent projet de loi n’en compte que 64. Elle a été examinée en procédure accélérée, par vos soins.
La différence entre ces deux textes réside, à mon sens, dans le fait que le texte dont nous débattons vient de loin. Le débat national sur la transition énergétique a été engagé par le Président de la République dès 2012. Le CESE, puis le conseil national de la transition énergétique, ont ensuite examiné cette question. Il y a également eu des contributions citoyennes, des débats régionaux, et les « mardis de l’avenir » organisés par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. Enfin, la commission spéciale a procédé à quarante heures d’audition, et a examiné le projet de loi pendant quarante-cinq heures.
Comme toujours, le débat mériterait d’être plus long et plus approfondi, mais il n’a pas été bâclé. Si vous voulez bien voter contre cette motion de rejet préalable, comme je vous y invite avec tout le groupe socialiste, il pourra se poursuivre bientôt dans l’hémicycle.