Il redonne ses droits à la volonté politique, mais se fixe comme horizon de la tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé. Enfin, il consacre dans la loi deux éléments majeurs que le Président de la République avait annoncés lors de la première conférence environnementale. Ces deux objectifs fondamentaux nous offrent la possibilité d’un véritable tournant, donnant aujourd’hui à notre pays l’opportunité d’embrasser la troisième révolution industrielle.
Le premier objectif, c’est la volonté de réduire de 50 % notre consommation d’énergie d’ici à 2050. Avec cet objectif, nous pouvons enfin entrer dans le XXIème siècle. Nous pouvons imaginer une économie bas carbone, qui ne cherche pas à poursuivre l’illusion du dopage de la croissance mais qui invente un modèle créateur d’emplois et de prospérité sans nuire à notre environnement. L’efficacité énergétique, dès aujourd’hui, peut créer des emplois dans le bâtiment, dans les mobilités ou dans la mutation économique qui s’annonce autour de l’économie circulaire.
Le deuxième objectif, c’est la sortie du tout nucléaire, en passant à 50 % de nucléaire d’ici à 2025. En sortant d’un modèle à sens unique, nous renouons avec la possibilité de suivre la mutation industrielle qu’ont déjà entamée l’Allemagne, mais aussi la Chine et l’Inde. En un texte de loi, vous donnez enfin à la France l’opportunité de prendre le chemin de l’énergie du XXIème siècle.
Cette étape nous permettra, j’en suis certaine, d’engager la sortie du nucléaire d’ici à 2040, pour laquelle les écologistes continuent et continueront à se battre. Nous proposerons ici des amendements pour aller dans ce sens et permettre que démocratiquement, devant l’ensemble de la représentation nationale, le débat ait lieu.
Vous l’avez compris, madame la ministre, les écologistes saluent l’esprit ambitieux de ce texte. Mais ils se posent encore beaucoup de questions. Le débat en commission, et je vous remercie, monsieur le président, pour l’attention avec laquelle vous l’avez présidé, a permis des avancées majeures, notamment sur la durée de vie des réacteurs nucléaires, sur l’économie circulaire ou sur la stratégie de rénovation des bâtiments. Mais certaines précisions méritent encore d’être apportées. Nous y reviendrons par voie d’amendement.
Trois risques majeurs doivent être ici soulignés. La transition énergétique ne relève pas seulement d’une loi. Elle relève bien davantage d’une volonté politique qui doit traverser tous les objectifs d’un gouvernement.
Le premier risque, c’est que la transition énergétique ne pèche par absence de stratégie. Souvenons-nous de la loi Grenelle, qui avait eu le défaut de mettre les questions d’énergie sous le tapis mais qui avait permis de réelles grandes avancées. Ambitions louables, objectifs ambitieux… mais quelques années plus tard, combien sont restés sans lendemain ? Combien de reculs dès le premier tumulte ? Combien de défauts de traduction dans les faits ?
Nous le savons aujourd’hui, il ne suffit pas de se fixer des objectifs, des normes et des points d’arrivée ambitieux. Il faut définir le chemin et les moyens pour y parvenir, et lutter sur la réalité des effets du dérèglement climatique. C’est pourquoi nous attendons de vous, madame la ministre, et de votre Gouvernement, que vous disiez ici le chemin. Il nous faut des objectifs précis, notamment à l’horizon 2030.
Le deuxième risque, ce sont les financements. Disons les choses – et le rapport de Nicolas Stern l’a montré : la lutte contre le dérèglement climatique n’est pas l’adversaire de la prospérité.