Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 8 octobre 2014 à 15h00
Transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Vous aurez du mal, monsieur Saddier, à trouver un vote du Parlement sur le lancement du programme électronucléaire français. Je n’ai certes pas eu le temps, en vous écoutant, de procéder à une recherche historique sur ce point, mais si vous trouvez un tel vote, je serais heureux de le savoir…

Monsieur de Courson, je citerai trois chiffres, car vous en avez demandé et, pour vous avoir côtoyé pendant cinq ans, de 2007 à 2012, au sein de la commission des finances, je sais que vous êtes rigoureux en la matière.

Chers collègues de l’UMP, entre 2007 et 2012, années où vous étiez aux responsabilités, je ne pense pas que vous ayez souhaité réduire la part du nucléaire ni développer les énergies renouvelables, car vous avez étranglé successivement l’éolien et le solaire. Durant cette période, les tarifs de l’électricité pour les particuliers ont augmenté de 6,3 % par an, soit en cinq ans 35 % d’augmentation de la facture pour les Français ! C’est concret, précis et irréfutable. Vous le voyez, monsieur de Courson, les chiffres que vous avanciez tout à l’heure pour faire peur sont donc finalement en ligne avec ce qui s’est produit ces dernières années.

Pour ce qui est des coûts de production de l’électricité nucléaire, je rappelle que la Cour des comptes a fourni des chiffres à la commission d’enquête sur les coûts du nucléaire – commission pluraliste, comme toutes les commissions d’enquête parlementaires. Il me semble du reste que M. Sordi a participé aux travaux de cette commission, ce qui aurait pu lui éviter de dire tout à l’heure une grosse contrevérité. La commission d’enquête s’est en effet rendue, à la demande de son président, M. François Brottes, et de son rapporteur, M. Denis Baupin, sur le site de la centrale de Fessenheim, ce que n’avait jamais fait aucune délégation parlementaire. J’en reviens aux chiffres : selon la Cour des comptes, les coûts de production de l’électricité nucléaire ont augmenté de 21 % sur les trois dernières années. Ce ne sont pas là des élucubrations sur le futur, mais la réalité constatée.

Quant aux investissements nécessaires pour prolonger la durée de vie des centrales – car telle est la voie dans laquelle veulent absolument s’engager certains de nos collègues – ils s’élèvent, selon les chiffres de la Cour des comptes, à 110 milliards d’euros. Voilà un chiffre concret.

Le choix est donc devant nous, et tel est l’objet de cette loi : soit nous investissons ces sommes colossales, et nous les faisons payer à nos compatriotes sur leur facture d’électricité, pour prolonger le fonctionnement de vieilles centrales parvenues en fin de vie – car leur durée de vie prévue était de 40 ans, âge qui sera celui de Fessenheim en 2017 – ; soit on investit pour disposer d’un mix énergétique beaucoup plus équilibré et pour que la France puisse enfin profiter des centaines de milliers d’emplois qui peuvent être créés dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Monsieur Sordi, je n’ai pas entendu ne fût-ce que le son de votre voix lorsque près de 15 000 emplois ont été supprimés par une simple décision politique qui n’a fait l’objet d’aucun débat dans cette assemblée – il s’agissait en effet d’un décret pris par Mme Kosciusko-Morizet – et qui a tué la filière solaire en France. Jamais jusqu’alors un secteur économique n’avait fait l’objet d’un moratoire imposé par décret, rayant de la carte 13 000 emplois.

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