Intervention de Damien Abad

Séance en hémicycle du 8 octobre 2014 à 15h00
Transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDamien Abad :

Je tiens à exprimer mon désaccord avec la position de Mme la ministre et de M. le président de la commission spéciale, pour qui l’amendement est satisfait.

Se fixer pour objectif de « réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 50 % à l’horizon 2025 », comme le fait l’alinéa 2 de l’article 1er, n’est pas la même chose que de viser à réduire la part du nucléaire en fonction de l’amélioration des performances économiques et techniques des énergies renouvelables. Ce sont là deux évolutions différentes. Notre volonté est en effet de lisser le processus dans le temps, et, plutôt que de mettre en place des objectifs a priori, de prendre en compte les évolutions techniques et les performances économiques du secteur des énergies renouvelables, afin d’éviter ce que vous-même avez dénoncé, à savoir les effets « stop-and-go », les allers et retours auxquels ont donné lieu certaines énergies renouvelables.

Cet amendement est un amendement de bon sens, un amendement pragmatique qui permettra précisément de sortir du faux débat, de la fausse querelle sur le chiffre arbitraire, ni justifié, ni justifiable, d’une réduction de 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025. Les meilleurs objectifs sont ceux qui sont atteignables, réalistes et pragmatiques, non pas ceux qui créent des ambitions qui débouchent, hélas, trop souvent sur des frustrations.

En outre, le groupe UMP croit à l’idée de l’évolution technologique et de la performance économique. Le nucléaire lui-même évolue en termes de sûreté, de sécurité et de renouvellement de son parc. Au-delà de la question de savoir s’il faut fermer ou non des réacteurs, ce qui m’inquiète est la modernisation de nos centrales, ou plutôt le non-engagement de cette modernisation, votre volonté de non-renouvellement, c’est-à-dire la perte de notre dernier avantage comparatif par rapport, entre autres, à l’Allemagne.

Ce serait dommage, et je serais heureux de connaître l’avis de votre secrétariat d’État au commerce extérieur sur cette remise en cause de la filière nucléaire. Comment vendre ce nucléaire à l’étranger si nous-mêmes nous imposons en France des contraintes et des barrières dans ce domaine ? Comment justifier et valoriser ce qui est un atout majeur à l’exportation, au même titre que le luxe ou l’aéronautique, tout en affirmant que ce qui est bon pour nos clients n’est pas bon pour nous ? Le signal donné à nos entreprises et à notre filière et un signal négatif. Vous voulez polariser le débat sur des objectifs chiffrés qui, on l’a bien compris, sont issus d’un compromis entre les différents pans de la majorité et ne permettent pas de répondre aux attentes des différents acteurs.

Je respecte votre position, mais je ne puis entendre que cet amendement serait satisfait, comme si on s’était mis d’accord en décrétant un consensus. Un consensus ne se décrète pas : il se crée. C’est notamment le cas du consensus énergétique, qui se crée par des volontés communes et par des propositions qui vont dans le même sens. Force est de constater qu’aujourd’hui – ne vous en déplaise, madame la ministre – ce consensus est rompu, et qu’il ne l’est que pour de funestes raisons idéologiques, et non pas en raison d’une divergence de choix stratégiques. On le regrettera vite et l’on se rendra compte que ce texte est soit contre-productif, soit totalement inefficace, qu’il ne sera pas appliqué et qu’il sera rapidement corrigé dans l’avenir.

Vous nous avez demandé tout à l’heure de faire des compromis. Or, la rédaction que nous proposons pour l’alinéa 28, qui ne correspond pas à notre souhait final, exprime notre volonté de retrouver le consensus énergétique qui caractérisait la France et assurait à notre pays un avantage comparatif aujourd’hui remis en cause, avec les conséquences que cela peut avoir à terme pour l’ensemble de notre filière.

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