Franchement, l’inscription dans la loi de l’objectif de 50 % d’énergie nucléaire en 2025, c’est vraiment la grosse blague de l’année, madame la ministre ! Personne n’y croit ! C’est impossible !
Puisque nous sommes là, à bavarder en cette fin d’après-midi, je vais vous faire une confidence. Je ne sais pas si c’est vous qui êtes à l’origine de cette proposition du parti socialiste, avec les Verts, mais j’avoue que lorsque j’en ai pris connaissance, je me suis dit : « c’est fortiche, et c’est cohérent avec leur stratégie ! »
Vous étiez en effet favorable à un fort développement des énergies renouvelables. Réduire ainsi la part de l’énergie nucléaire d’ici 2025 signifiait, me suis-je dit, que vous alliez faire un carton avec les énergies renouvelables ! Car il n’y a pas trente-six solutions pour y parvenir : faire des économies d’énergie, ou accroître la part des énergies renouvelables.
Mauvaise pioche ! Depuis deux ans et demi, en matière d’énergies renouvelables, c’est la catastrophe ! Excusez-moi de vous le dire ainsi ; nous en débattrons plus tard si nous en avons encore le temps. On supprime le principe de bonification des tarifs d’achat de l’électricité et l’on constate que l’on a complètement décroché ces dernières années.
François de Rugy objectera que c’est en raison du moratoire sur le photovoltaïque, décidé sous l’ancienne majorité. Ne refaisons pas l’historique, tout le monde connaît la raison de ce moratoire : en un ou deux ans de temps, nos objectifs en matière de photovoltaïque avaient doublé. Une pause s’est donc imposée. À l’époque, vous nous aviez dit : « Quand nous reviendrons au pouvoir, vous allez voir ce que vous allez voir ! » On a vu ce qu’on a vu : en matière de photovoltaïque, il n’y a plus rien. Quant à l’énergie éolienne, ce n’est pas compliqué : il n’y en a pas davantage, il y en a même moins qu’auparavant.
Vous savez d’ailleurs très bien que le syndicat des énergies renouvelables estime qu’à ce rythme, la part des énergies renouvelables atteindra à peine 17 % en 2020, bien en deçà de l’objectif de 23 % fixé par le Grenelle de l’environnement. Jamais vous ne parviendrez à compenser la chute draconienne de la part de l’énergie nucléaire par le développement des énergies renouvelables ! Et, reconnaissez-le, vous n’avez pas le courage d’augmenter le tarif de l’électricité. Pour parvenir à un tel taux d’énergies renouvelables, ce n’est pas une augmentation annuelle de 5 % qu’il faut, mais de 10 % !
J’ai donc pensé que, pour arriver, sans énergies renouvelables, à réduire la part de l’énergie nucléaire à 50 %, vous deviez avoir un truc. J’ai imaginé que vous vouliez « cartonner » avec les économies d’énergie. Manque de chance, madame la ministre, vos déclarations sur les certificats d’économie d’énergie – on ne veut pas d’écologie « punitive », on ne veut pas faire d’efforts –, qui d’ailleurs ont fait bondir à de nombreuses reprises les membres écologistes de votre majorité, montrent bien que votre solution n’est pas là.
Je me suis alors dit : ce ne sont pas les énergies renouvelables, ce ne sont pas les certificats d’économie d’énergie, donc il doit y avoir autre chose. C’est forcément les politiques sectorielles, et j’ai pensé que vous alliez mettre le paquet sur le logement, en obligeant à des rénovations beaucoup plus importantes. Mais là encore, quelle déception ! 160 000 logements anciens rénovés par an : jamais on n’a connu un chiffre aussi faible. Peut-être alliez-vous infléchir la politique des transports ? Mais avec une déclaration telle que celle que vous avez faite tout à l’heure, madame la ministre, qui revient à un saccage de l’écotaxe poids lourds, vous partirez du Gouvernement avec un boulet que vous traînerez toute votre vie – le milliard d’euros que l’État devra rembourser à Ecomouv’ – sans que rien ne puisse plus se faire en matière d’infrastructures de transports.
Cherchez l’erreur ! Il aurait fallu renoncer à une promesse de campagne intenable. L’amendement de Charles Amédée de Courson est tout simplement un amendement de cohérence : jamais la part du nucléaire ne sera de 50 %. Vous pouvez vous consoler, chers collègues de l’UMP : ce risque ne sera jamais pris, puisque l’on ne fermera jamais nos centrales, au rythme où nous en sommes. Peut-être même en ouvrira-t-on d’autres !
Non, madame la ministre, cette loi n’accélère pas le changement de notre modèle énergétique. C’est un petit pas, accompagné de beaucoup de cafouillages et d’erreurs. C’est la raison pour laquelle je soutiendrai avec enthousiasme l’amendement de notre collègue Charles Amédée de Courson !