De ce dialogue de sourds, chers collègues, si vous avez bien réfléchi et bien écouté tout à l’heure, nous avons eu tout à l’heure un exemple à propos d’un amendement important pour nous, relatif au potentiel nucléaire. À ce que nous concevions comme une main tendue pour mener une coconstruction, la majorité n’a répondu que par la caricature de nos arguments, prétendant que nous sommes favorables au tout nucléaire, et nous invitant ensuite à nous raccrocher au compromis trouvé avec les écologistes. Cela n’est pas acceptable ! C’est un dialogue de sourds ! Dès lors, nous avons bien compris que tout le travail préliminaire sur lequel repose notre construction doctrinale ne sera pas favorablement accueilli et qu’il n’y a pas de place pour nous dans la grande arche de la transition énergétique.
Nous en tirons les conséquences et le débat ne change presque rien pour nous dès lors qu’en tout état de cause nos amendements sont systématiquement rejetés. Je ne parle pas des petits amendements visant à améliorer le texte, qui d’ailleurs sont généralement présentés par plusieurs partis car ils touchent à des sujets techniques, donc de fond. Par exemple, à propos de l’amendement relatif au potentiel nucléaire, même vous n’avez pas répondu favorablement, monsieur Chassaigne, alors qu’à mon avis il reposait sur une vraie réflexion. Voilà donc la question qu’il faut se poser : qu’attend-on d’une loi sur l’énergie ?
Nous avons mis sur la table tout ce qu’on pouvait y mettre pour aboutir à une loi de consensus. C’est à tort que Mme le ministre nous a accusés tout à l’heure de chercher une occasion de provoquer le conflit. Non ! La dizaine d’amendements dont il est question, ceux qui portent sur le potentiel nucléaire en particulier, sont un vrai point dur, notamment avec les écologistes. Pour nous, l’objectif de 50 % en 2025 est à la fois irréaliste et terriblement nuisible à l’économie. Nous voulons donc le modifier. Nous constatons que le Gouvernement ne veut rien entendre, il ne faut donc pas s’étonner si le débat ne se déroule pas dans de bonnes conditions. Nous sommes coincés pour trente heures avec des gens qui d’une part ne veulent pas nous écouter et d’autre part parlent à notre place en caricaturant ce que nous disons, alors que nous avons fait un effort extrêmement important de subtilité des positions et de chiffrage, dont s’est d’ailleurs dispensé le Gouvernement !
Si encore le Gouvernement présentait un chiffrage, on pourrait discuter des hypothèses, des données et des paramètres, mais non, on ne nous répond pas ! Nous avons déjà eu ce problème lors de la discussion de nombreux autres textes, comme la loi Alur. Les Français se demandent pourquoi la loi n’est pas toujours bonne, mais on fait de la participation, tout le monde est consulté aujourd’hui, on auditionne au milieu de travées désertes, les gens parlent dans le vide, personne n’est là pour écouter et en fin de compte l’opposition n’est de toute façon pas écoutée ! Voilà comment on en vient à un dialogue de sourds ! Le pire, c’est que les positions défendues par l’UMP sont approuvées hors de cet hémicycle par certains députés socialistes qui, contraints par la logique de parti, n’en pensent pas moins mais ne veulent pas mettre en danger le Gouvernement, tout en sachant très bien que sur certains aspects, au fond, nous avons raison ! Alors, à qui la faute ? Nous, nous ne contrôlons rien !