Mes chers collègues, je n’ai, hélas, pas pu défendre mon amendement no 104 , dans la précédente série d’amendements identiques, et je sens que vous en avez été émus.
Ces séries d’amendements identiques avaient pour but de pousser notre assemblée à réfléchir à la date optimale à laquelle il convient de ramener la part du nucléaire dans la production électrique de 75 à 50 %, étant entendu, car c’est notre point de départ, que 2025 n’est pas la bonne date. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte.
La première série d’amendements identiques proposait la date la plus lointaine, puisqu’il s’agissait de fixer comme horizon le passage à la quatrième génération de réacteurs. Si nous ne retenons pas cette solution, alors le délai du passage aux 50 % doit être calculé en fonction de l’état du parc actuel. L’amendement no 104 proposait ainsi de prendre comme critère la fin du « grand carénage », soit l’horizon 2035.
Le présent amendement propose une dernière solution de repli. Nous proposions 2035 et vous proposez 2025 : pourquoi, alors, ne pas retenir la date de 2030 ? Même si nous n’y croyons pas beaucoup, nous estimons qu’il sera tout de même plus facile de fermer dix-neuf réacteurs en quinze ans qu’en dix.
Ces amendements, madame le ministre, appellent des éclaircissements sur la stratégie que vous entendez adopter. Compte tenu de l’état du parc, ne pensez-vous pas qu’il serait plus raisonnable de repousser la date que vous avez retenue pour ramener la part du nucléaire dans la production électrique de 75 % à 50 % ?
L’autre question essentielle, qui a déjà été posée à de multiples reprises par mes collègues, est celle du coût de l’électricité, sujet éminemment plus complexe. Nous y insistons, car les deux objectifs que nous poursuivons avec la transition énergétique, c’est la préservation de la compétitivité des entreprises, d’une part, et la conservation d’un modèle social de l’énergie fondé sur une électricité à bas coût, d’autre part.
Même si la Cour des comptes a montré dans son dernier rapport que le coût de l’électricité nucléaire avait augmenté de 21 % au cours des dernières années, même si certains membres de votre majorité contestent les effets profondément bénéfiques du nucléaire sur le pouvoir d’achat, nous souhaitons que ce débat ait lieu. Il importe que la question du coût de l’électricité soit l’alpha et l’oméga de ce projet de loi, et la boussole qui permettra de nous orienter pour faire les choix énergétiques à venir. Il est normal que le coût des investissements se répercute sur la facture des Français ; en revanche, il est absolument inadmissible de leur faire payer des absences de choix ou des dérapages liés à des incertitudes.
J’espère que Mme la rapporteure et Mme la ministre pourront, par leur réponse, éclaircir ce débat.