Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 8 octobre 2014 à 21h30
Transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Non, car il ne s’agirait pas d’une administration nouvelle mais de la fusion de services existants qui, loin de provoquer un surcroît de normes, simplifierait au contraire le dispositif actuel.

Au plan local, le réseau des sous-préfectures pose problème, notamment dans les zones rurales, et les sous-préfets s’interrogent. C’est à notre sens le niveau adapté pour mener une politique ambitieuse de transition énergétique. Nous sommes en faveur de la labellisation de certains sous-préfets qui seraient chargés de piloter la transition énergétique et qui, en la matière, seraient un interlocuteur unique pour un territoire donné. Voilà qui permettrait d’accélérer, de simplifier et de coordonner les procédures d’agrément. Tel ou tel sous-préfet pourrait donc être la voie d’entrée pour des questions telles que les gaz de schiste, par exemple.

Je reviens un instant aux questions de production pour indiquer que nous sommes favorables à la prospection des gisements de pétrole de schiste – et non pas de gaz de schiste – mais non à leur exploitation tant que les méthodes d’extraction n’auront pas évolué. En effet, l’Institut français du pétrole nous indique qu’il existe a priori des réserves de pétrole ; selon nous, il faut les évaluer – ce qui va beaucoup moins de soi pour le gaz. De surcroît, tout effort de prospection doit se concentrer sur des régions possédant déjà une tradition pétrolifère, car de fortes réactions sociales peuvent surgir dans les régions qui en sont dépourvues.

Voilà les propositions que nous vous faisons en matière de transition énergétique ; elles sont le fruit de notre doctrine. Si d’aventure j’en avais oublié une, vous pourriez toujours vous référer au document que nous vous avons transmis. Vous avez défendu un argument de nature politique selon lequel nous aurions participé au débat sans même y avoir réfléchi et dans le seul but de le bloquer ; c’est tout le contraire. Vous trouverez toutes nos propositions sous forme d’amendements. Peut-être ne partagez-vous pas notre point de vue ; hélas, nous n’avons pas pu en discuter. Prenez au moins le temps d’analyser ces propositions parce que les problèmes que nous soulevons existent et parce que notre diagnostic se fonde sur une doctrine réaliste – dont nous pensons naturellement qu’elle est meilleure. En tout état de cause, ces idées sont sur la table et sont désormais vôtres.

1 commentaire :

Le 12/10/2014 à 09:46, laïc a dit :

Avatar par défaut

"De surcroît, tout effort de prospection doit se concentrer sur des régions possédant déjà une tradition pétrolifère, car de fortes réactions sociales peuvent surgir dans les régions qui en sont dépourvues."

On peut prospecter partout, du moment qu'il ne sera pas exploité. Mais s'il ne sera pas exploité, pourquoi prospecter ? C'est de l'argent perdu, car la prospection n'est pas gratuite. Si c'est prospecter avec l'arrière pensée évidente de de prendre les devants en vu d'une exploitation à moyen terme, il est évident qu'il vaut mieux amener avec soit quelques protections...

L'exploitation du pétrole de schiste est ultra polluante. Voici d'ailleurs un texte de radio canada :

"Les données sur la pollution liée à l'extraction par fracturation hydraulique du gaz de schiste et du pétrole sont de plus en plus inquiétantes, révèle un nouveau rapport de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Un texte de Normand Grondin

On y révèle notamment que les émanations de méthane - un gaz à effet de serre - sont de 100 à 1000 fois plus élevées que les estimations précédentes de l'Agence gouvernementale de protection environnementale des États-Unis (EPA).

« Quand on fait de la fracturation hydraulique, on sort du pétrole et du gaz. Aux États-Unis, en 2012, on parle de 56 % des puits forés qui donnaient à la fois du pétrole et du gaz de schiste, et ce gaz est à 90 % composé de méthane », explique Sophie-Anne Legendre, analyste et coauteure du rapport.

Alain Brunel, directeur climat-énergie de l'AQLPA, ajoute que depuis un an beaucoup de nouvelles données scientifiques concernant cette forme d'énergie sont produites. Par exemple, les nouvelles valeurs du potentiel de réchauffement du méthane établies par les experts du climat, qui ont été révisées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), sont passées de 25 fois (chiffre de référence scientifique précédent) à 36 fois celui du CO2 sur un horizon de 100 ans, et de 75 fois à 87 fois sur un horizon de 20 ans.

« Au Québec, on utilise toujours une valeur de potentiel de réchauffement du méthane qui date de 1995 et qui n'a jamais été mise à jour. Par conséquent, dit M. Brunel, on sous-estime également la contribution réelle de l'exploitation éventuelle du pétrole de schiste ou du gaz de schiste aux émissions québécoises de gaz à effet de serre. »

Il est également question de rentabilité de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste. « Pour qu'une exploitation soit rentable, précise Sophie-Anne Legendre, on comprend maintenant qu'on doit avoir des volumes très importants. » À titre d'exemple, les 9000 puits en exploitation au Dakota du Nord ne suffisent pas à assurer la rentabilité des opérations. Pour y arriver, il faudrait en exploiter entre 30 000 et 40 000. « Déjà, dans l'état actuel des choses, les 9000 puits produisent 27 tonnes de déchets de forage par jour à gérer, donc ce n'est pas viable. »

« La fièvre de l'or noir frappe à peu près tout le monde », croit le président de l'AQLPA, André Bélisle. « Mais si on remet ça dans un contexte de réchauffement planétaire, on a le choix entre chauffer le poêle davantage, donc d'augmenter les dommages et de verrouiller l'économie du Québec pour des décennies dans un scénario de combustibles fossiles, ou de prendre résolument la voie verte et de réduire les impacts des dommages actuels. »

L'AQLPA, qui suit le dossier du gaz de schiste depuis 2009, participera mercredi aux séances du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le gaz et le pétrole de schiste. Le BAPE doit remettre son rapport sur cette question en novembre 2014. D'ici là, le moratoire est maintenu sur l'exploitation et l'exploration du gaz de schiste au Québec."

Ainsi, même si on dit que l'on n'exploitera pas le gaz de schiste, on voit que l'on ne peut pas exploiter le pétrole de schiste sans qu'il y ait rejet de gaz de schiste, avec les conséquences expliquées par ce texte. L'abandon de l'exploitation du pétrole de schiste est une nécessité autant écologique que financière.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion