Le problème n'est pas, en effet, l'affectation de moyens au service civique, mais la baisse des moyens attribués à toutes les autres actions. Le service civique est un dispositif remarquable que toutes nos organisations ont appelé de leurs voeux et qui fonctionne, qui se conjugue avec d'autres dispositifs comme les « associations juniors » et qui montre que les jeunes de notre pays ont envie de s'investir au service de l'intérêt général.
Mme la rapporteure a évoqué la formation des bénévoles associatifs. Il existe déjà des dispositifs de formation. Nous souhaitons leur élargissement et la sécurisation de leur financement afin d'en garantir l'accessibilité. Il faut d'abord envisager le projet associatif, la démarche, la dynamique collective et son management. Il y a ensuite la question de la gestion humaine de ces dynamiques qui sollicitent des bénévoles mais aussi, parfois, des salariés. Enfin, il ne faut pas oublier l'aspect plus entrepreneurial de l'économie sociale et solidaire autour des budgets, des financements, des assurances… Ces éléments sont très importants et l'on pourrait s'interroger sur l'établissement d'éventuelles passerelles avec la validation des acquis de l'expérience (VAE). Toutefois, il ne suffit pas de former les bénévoles, il faut encore les accompagner de façon permanente ; or c'est le rôle des mouvements d'éducation populaire : il faut entretenir l'énergie du bénévolat grâce, entre autres, à la démarche collective supra-associative. Il convient en effet de donner des perspectives au-delà de l'action associative.
M. Bricout m'a interrogé sur les voyages. Les structures du tourisme social, notamment celles liées au départ des enfants en colonies de vacances, rencontrent des difficultés. On constate un recul du taux de départ des Français en général et des enfants en particulier – durant l'été, 3 millions d'enfants « tiennent les murs ». Le chiffre de 2014 confirmera malheureusement les données des années précédentes. Nous avons des difficultés financières et des difficultés de partenariat avec les comités d'entreprise qui eux-mêmes se trouvent dans une situation économique et budgétaire délicate, alors qu'ils sont nos premiers partenaires avec les caisses d'allocations familiales. Il faudra par ailleurs assurer la stabilité juridique du statut des accompagnateurs, des encadrants et des animateurs.
Nous n'abordons pas le numérique, monsieur Carpentier, du point de vue de l'infrastructure, mais du contenu et des pratiques. Nous développons dans cette perspective de nombreuses actions d'éducation au maniement de cet outil extraordinaire mais qui ne doit rester qu'un outil maîtrisé par l'homme. Il reste de grandes marges de progrès en la matière.
Enfin, M. Juanico a raison : nous nous sommes peut-être montrés pessimistes dans nos propos. Toutefois, comme Jean-Luc Cazaillon, je répondrai que non seulement le monde associatif n'est pas pessimiste mais qu'il a une ambition collective, qu'il s'agisse de promouvoir le lien social, la mixité sociale, le « vivre-ensemble ». C'est de cela que nous voulons parler avec les élus de la République. Nous voulons parler du fond, de démarche politique et surtout ne pas être réduits à un rôle d'exécutants de politiques publiques qu'il n'est certes pas question pour nous de déterminer, mais de co-élaborer dans la concertation. En effet, si nous ne voulons pas que nos adhérents ne soient que des consommateurs, ils doivent avoir une place dans la société qui passe par la reconnaissance, par les élus de la République, du rôle du monde associatif.