Intervention de Michel Sordi

Séance en hémicycle du 10 octobre 2014 à 9h30
Transition énergétique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Sordi :

…que l’exploitation de toute nouvelle installation de production d’électricité est subordonnée à l’obtention d’une autorisation administrative qui ne peut être délivrée lorsqu’elle aurait pour conséquence de porter la capacité totale autorisée de production d’électricité d’origine nucléaire au-delà de 63,2 gigawatts.

Le vote de cet article aurait pour effet, dès la mise en route de l’EPR de Flamanville, d’arrêter deux réacteurs de 900 mégawatts sur le territoire national et, pourquoi pas, ceux de Fessenheim dans ma circonscription, que M. Baupin n’a cessé de dénigrer depuis des mois.

Sur le terrain – et vous le savez, vous, dans vos circonscriptions –, c’est terrible socialement, parce que, vous le savez, je l’ai dit, 2 200 emplois seront supprimés, en pleine crise économique, sans qu’aujourd’hui aucun projet ne laisse espérer l’implantation d’entreprises qui pourraient compenser, ne serait-ce que partiellement, ces pertes d’emplois dans le bassin de vie concerné.

C’est aussi, je le répète, un séisme économique pour la communauté de communes Essor du Rhin, qui va voir de nombreux sous-traitants fermer, mais aussi, bien sûr, des entreprises tertiaires, dans la restauration et l’hôtellerie, ainsi que classes, sans compter la vente, dans ces petits villages, de centaines de logements appartenant aux salariés de l’entreprise, ce qui provoquera, vous vous en doutez bien, un effondrement des prix.

Ce sera aussi la perte, pour nos collectivités haut-rhinoises, de 50 millions d’euros de recettes.

C’est aussi une erreur environnementale, parce que, comme le disait le président Chassaigne, l’objectif prioritaire de ce texte doit être la réduction du CO2, et que cet arrêt prématuré de Fessenheim, qui, je le rappelle, comme les autres unités, a zéro rejet de gaz à effet de serre, sera compensé par des énergies thermiques et polluantes, peut-être même – et je le disais à M. Baupin tout à l’heure – par des centrales au charbon allemandes, ce qui serait quand même un comble.

L’Alsace rencontre aussi des difficultés s’agissant de l’implantation du renouvelable, ce qui a fait l’objet d’un rapport que je vous ai remis, madame la ministre. J’ai démontré notre volonté dans ma commune, où je fais des efforts énormes. Mais il est vrai qu’il nous sera difficile d’implanter des éoliennes, car le territoire ne s’y prête pas, et de développer l’hydraulique – des barrages existent déjà sur le Rhin, il nous faudrait en construire sur les affluents, mais cela ne permettra pas de pallier la fermeture de Fessenheim. Nous allons au-devant de soucis.

Enfin, la fermeture est un gâchis financier car il faudra, comme vous le savez, indemniser à coups de milliards d’euros nos partenaires suisses et allemands, ainsi que l’exploitant historique. Ne vaudrait-il pas mieux, pour éviter une rupture brutale, s’accorder une période de transition et utiliser les bénéfices produits aujourd’hui par l’unité de Fessenheim pour financer les énergies renouvelables et compenser la fermeture ?

Le projet de loi, qui instaure un plafonnement de la capacité de production nucléaire à 63,2 gigawatts, devrait plutôt viser un plafonnement de l’électricité injectée sur le réseau, sachant que des réacteurs sont arrêtés sur notre territoire en permanence, que ce soit pour leur maintenance ou pour une opération de rechargement.

Bien sûr, je dis « oui » à la transition énergétique, mais pas à n’importe quel prix : pas en sacrifiant les emplois de milliers de femmes et d’hommes, et surtout pas en cette période de crise. Madame la présidente, vous me faites signe qu’il faut en rester là. J’obtempère, en vous remerciant de m’avoir écouté.

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